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SRB Pie-IX: Montréal donne le feu vert malgré les critiques

Une maquette préliminaire du SRB Pie-IX Photo: AMT/Collaboration spéciale

La Ville de Montréal va de l’avant avec le projet de système rapide par bus (SRB) sur le boulevard Pie-IX, même si l’opposition le qualifie d’«occasion manquée».

Les élus montréalais réunis mardi au conseil municipal ont approuvé l’octroi d’un contrat de 9,1M$ à la firme Aecom, qui sera chargée de rédiger les plans et devis de ce futur service de transport en commun. Celui-ci sera offert du boulevard Saint-Martin, à Laval, jusqu’à l’avenue Pierre-De-Coubertin, à Montréal. Dix-sept stations doivent être construites le long du parcours de 11km. Ce SRB pourra générer jusqu’à 70 000 déplacements par jour, selon les estimations.

«On a pris le temps de planifier, a affirmé mardi le responsable des transports à la Ville de Montréal, Aref Salem, après avoir évoqué les treize ans de discussions et d’études sur le projet. On a pris la décision d’y aller avec un SRB, qui sera réalisé en deux phases. On est rendu à l’exécution aujourd’hui.»

Il répondait entre autres au maire de Rosemont–La Petite-Patrie, François Croteau, qui déplore l’absence d’infrastructures nécessaires à l’électrification éventuelle du tronçon. «J’aurais aimé que Montréal fasse preuve de leadership et qu’elle demande au gouvernement de revoir le financement des infrastructures électriques sur Pie-IX», a lancé l’élu de Projet Montréal, qui a qualifié le projet de «suite d’échecs».

Même la Commission sur l’examen des contrats a manifesté son étonnement. «C’est un projet de grande envergure et très certainement la technologie [électrique] arrivera avant la fin de la vie utile de ce qu’on s’apprête à construire», a mentionné sa présidente, Émilie Thuillier.

M. Salem n’a pas fermé la porte à l’électrification, mais il a précisé que les technologiques ne sont pas prêtes pour faire rouler des autobus sur les routes montréalaises. Il a indiqué que la Ville «s’ajustera» quand les piles des bus électriques seront plus performantes.

Le chef de l’opposition, Luc Ferrandez, a pour sa part souligné le risque d’embouteillage des autobus, dont la fréquence de passage sera aux minutes par moment, la difficulté à conserver une chaussée en bon état ainsi que la pollution causée par ceux fonctionnant au diésel. Selon lui, le tramway est «la seule option». «On le choix entre partir vite et partir avec le bonne technologie», a-t-il déclaré, réclamant du même coup la révision du projet.

«S’il faut un tramway, il faut un réseau, a répliqué M. Salem. Pour faire un tramway, ça prend un centre d’entretien et ça prend des employés formés. Ça prend toute une infrastructure et ça ne se rentabilise pas avec 11km.»

Lors de la réunion du comité exécutif, la semaine dernière, les fonctionnaires ont mentionné que le trolleybus a été écarté en raison de ses coûts élevés, des équipements dérangeants (fils aériens et poteaux) et de la difficulté d’électrifier trois circuits d’autobus distincts.

Le projet du SRB Pie-IX, qui est réalisé au coût de 305M$, doit être complété en 2022. D’ici là, la première station, Amos, doit être inaugurée à l’automne prochain.

Le SRB est un choix contestable
Pour l’analyste en transport, Réjean Benoit, le choix d’un SRB pour le boulevard Pie-IX est contestable.

  • «Il accueillera 70 000 personnes, mais il va y avoir de l’insatisfaction, a-t-il dit. Il va y avoir des retards. Quand il va y avoir de la neige, il y aura trois autobus qui arriveront un à la suite de l’autre.»
  • M. Benoit a fait l’exercice de comparer l’achalandage d’une trentaine de SRB et tramways après leur première année d’implantation. Le constat: dès que l’achalandage surpasse 20 000 déplacements par jour, le système léger sur rail (SLR) et le métro sont privilégiés. New York fait figure d’exception avec sa ligne M15 qui circule sur la première et la deuxième avenue. «Ça peut rouler sans trop de surcharge parce que les gens ne font pas de très longues distances», a-t-il expliqué.
  • L’exemple d’Ottawa a été soulevé par l’analyste en transport. La Ville est en train de transformer son SRB, qui était surchargé, en SLR avec son projet de Ligne de la Confédération, évalué à 2G$. «Le SRB est maintenant chamboulé par la construction du tramway», a dit Réjean Benoit.

 

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