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Le silence radio du SPVM complique le travail des médias, dit la FPJQ

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Une voiture de service du SPVM Photo: Archives Métro

Les médias n’ont plus accès aux ondes radio du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), une situation qui complique le travail des journalistes et brime l’accès à l’information, selon la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).

Depuis le 17 décembre, c’est le silence radio du côté du SPVM : les ondes sont cryptées, et personne – ni les citoyens, ni les journalistes – ne peut écouter les communications entre policiers.

Or, jusqu’à tout récemment, toute personne munie d’une radio, ou d’un programme spécialement conçu pour le faire, pouvait entendre en temps réel les conversations entre les unités sur le terrain et les postes de contrôle.

Cela permettait entre autres aux journalistes patrouilleurs d’être au fait, en temps réel, de toute intervention policière sur le territoire de la ville.

Avec l’implantation graduelle du nouveau Système évolué de radiocommunication de l’agglomération de Montréal (SERAM) et avec son cryptage en décembre, on invite plutôt les journalistes à suivre le compte Twitter du SPVM ou à appeler une boîte vocale sur laquelle le service des relations des médias signale des événements notables.

Depuis le cryptage des ondes, le travail du photographe patrouilleur Félix O. J. Fournier, qui collabore notamment avec TC Media (propriétaire du journal Métro), est considérablement plus compliqué.

«J’étais autonome, et maintenant je suis rendu dépendant de la police. Avant, je faisais ce que je voulais quand je le voulais. Maintenant, c’est au bon vouloir des relationnistes que je fais mon travail, déplore-t-il. Le compte Twitter, ce n’est pas assez. La boîte vocale, il faut qu’on appelle fréquemment. Ils ne la mettent pas toujours à jour.»

Ce dernier affirme devoir appeler le service des relations aux médias une cinquantaine de fois par semaine, alors que cela n’arrivait que trois ou quatre fois par semaine, auparavant.

«Dorénavant, l’information qui est communiquée est celle que le SPVM juge intéressante. Là, on parle de contrôle de l’information. C’est là qu’on voit qu’il peut y avoir un sérieux glissement.» –Lise Millette, présidente de la FPJQ

«Le cryptage, c’est quelque chose qui nous inquiète», laisse tomber la présidente de la FPJQ, Lise Millette, qui considère qu’il s’agit d’un «problème d’accès à l’information». Elle affirme que tous les groupes médiatiques majeurs réclament l’accès aux ondes du SPVM.

Selon elle, une demande a été envoyée en décembre au chef du SPVM, Philippe Pichet, pour que les médias puissent se procurer des dispositifs leur permettant de décrypter les ondes policières. Les médias s’étaient montrés ouverts à assumer les frais d’une telle mesure et à respecter certaines balises réclamées par les services policiers.

La demande est restée sans réponse.

«On ne demande pas de nouvelles dispositions ou de nouvelles informations qu’on n’avait pas avant. On demande simplement le maintien d’un statut quo qui existait depuis des décennies», avance Mme Millette.

Le SPVM n’a pas donné suite à la demande d’entrevue formulée par Métro mardi.

Des «façons de faire» critiquées

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) a publié mercredi une prise de position qui écorche les «nouvelles façons de faire» du SPVM, et fait état d’une «opacité grandissante» de la part du service policier.

La FPJQ dénonce entre autres le «climat de méfiance envers les journalistes» au SPVM, et déplore la «chasse aux sorcières» qui y a lieu envers les agents qui parlent aux médias.

«L’opacité grandissante au SPVM laisse craindre le pire en ce qui concerne l’information des Montréalais. Sauront-ils ce qu’il se passe réellement dans leurs quartiers? À quel moment? À travers quel biais?», écrit-on dans la note.

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