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Les promesses de Trudeau: remplies ou brisées?

Justin Tang / La Presse Canadienne Photo: Justin Tang
Joan Bryden, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Les Canadiens sont souvent sceptiques devant les nombreuses promesses de leurs politiciens. Ceux-ci en font toute une série afin de gagner les élections, mais les déclarent souvent impossibles à réaliser une fois qu’ils ont pris le pouvoir.

Justin Trudeau ne fait pas exception.

Il a fait plus de 200 promesses lors de la campagne électorale, l’automne dernier. Après un an à la tête du gouvernement, mercredi, il en a livré plus qu’il n’en a brisé — mais la plupart sont en cours ou restent à venir. Certaines sont sujettes à interprétation, alors que d’autres ont été recalibrées. Voici un aperçu des plus importantes:

Promesses tenues

— Un cabinet comptant autant de femmes que d’hommes.

— Un taux d’imposition de 20,5 pour cent pour les Canadiens gagnant entre 45 282 $ et 90 563 $, en baisse par rapport au taux précédent de 22 pour cent.

— Un nouveau taux de 33 pour cent pour ceux qui gagnent plus de 200 000 $.

— Créer une nouvelle et plus généreuse allocation pour enfants.

— Rétablir le formulaire long et obligatoire de recensement.

— Démuseler les scientifiques.

— Créer un comité consultatif indépendant pour recommander des candidats pour le Sénat, sur la base de leur mérite et non de leur affiliation au parti au pouvoir.

— Assurer que le processus de nomination à la Cour suprême soit plus transparent, inclusif et imputable envers les Canadiens. La seule nomination effectuée jusqu’à maintenant par M. Trudeau, Malcolm Rowe, était l’un des cinq candidats recommandés par le nouveau comité. La présidente du comité, l’ex-première ministre Kim Campbell, ainsi que M. Rowe doivent comparaître séparément pour répondre aux questions sur cette nomination devant un comité des Communes.

— Retirer les avions de chasse canadiens de la lutte contre Daech (le groupe armé État islamique) en Syrie et en Irak, augmenter l’aide humanitaire et le soutien militaire pour former les forces irakiennes.

— Lancer la commission d’enquête nationale indépendante sur les femmes autochtones disparues ou assassinées.

— Créer un comité parlementaire de surveillance des opérations de sécurité nationale.

— Lancer la première phase (11,9 milliards $ sur deux ans) d’une somme additionnelle de 60 milliards $ sur 10 ans pour des dépenses en infrastructure.

— Abolir le fractionnement du revenu pour les couples avec enfants.

— Revenir à une limite annuelle de 5500 $ pour les cotisations à un compte d’épargne libre d’impôts (CÉLI), alors qu’elle était précédemment de 10 000 $.

— Rétablir l’âge minimum pour les prestations de sécurité de la vieillesse et le supplément de revenu garanti à 65 ans, après qu’il eut été augmenté à 67 ans par Stephen Harper.

— Travailler avec les provinces pour améliorer le Régime de pensions du Canada.

— Offrir un crédit d’impôt d’un maximum de 150 $ pour les enseignants qui dépensent leur propre argent pour acheter des fournitures scolaires.

— Investir 2,6 milliards $ sur quatre ans pour l’éducation des enfants des Premières Nations, bien que cela soit maintenant réparti sur cinq ans.

— Rétablir le financement de Radio-Canada qui avait été supprimé par les conservateurs.

— Élargir le programme d’emplois d’été pour les jeunes.

— Augmenter les prestations des vétérans dont la carrière est freinée par des blessures.

— Rouvrir les neuf bureaux pour anciens combattants fermés par les conservateurs.

— Accueillir 25 000 réfugiés syriens au Canada, bien que cela ait pris plusieurs mois de plus que promis et que seulement 15 000 d’entre eux aient été parrainés par le gouvernement: le reste a été pris en charge par des groupes privés.

— Augmenter de 50 pour cent le financement des bourses étudiantes.

— Créer le Conseil jeunesse du premier ministre.

— Réformer l’assurance-emploi pour réduire les temps d’attente avant de pouvoir réclamer des prestations, et réduire le nombre d’heures qu’une personne doit avoir travaillé pour recevoir les prestations.

— Abroger la législation adoptée par les conservateurs qui permettait au gouvernement de révoquer la citoyenneté des personnes condamnées pour terrorisme, trahison ou espionnage.

Promesses brisées

— Enregistrer des déficits de moins de 10 milliards $ pour chacune des trois premières années du mandat, tout en réduisant le ratio dette-PIB chaque année et en équilibrant les livres lors de la dernière année. Le budget inaugural des libéraux prédit des déficits pour au moins cinq ans, pour un total de 113 milliards $, incluant près de 30 milliards $ pour l’année actuelle seulement. Le gouvernement espère réduire le ratio dette-PIB en cours de mandat.

— Les réductions d’impôts pour les personnes à revenus moyens devaient être sans incidence sur les recettes de l’État, payées à même les augmentations d’impôts pour les plus riches. En fait, cela va coûter au Trésor fédéral 1,2 milliard $ par année.

— Réduire le taux d’imposition des petites entreprises de 11 à 9 pour cent.

— Maintenir le niveau de financement des forces armées. Le gouvernement a reporté à 2020 une somme de 3,7 milliards $ pour de nouveaux équipements.

— Immédiatement annuler l’achat planifié d’avions de chasse F-35 pour 44 milliards $, lancer un appel d’offres ouvert et transparent pour remplacer les F-18 actuels et réallouer les épargnes à la marine.

— Investir immédiatement 3 milliards $ sur quatre ans pour améliorer les soins à domicile. Cette promesse est désormais liée aux négociations avec les provinces et les territoires pour une nouvelle entente sur la santé que le gouvernement espère avoir en place l’an prochain.

— Limiter les déductions sur les options d’achat d’actions pour des gains en capitaux de plus de 100 000 $.

— La promesse de «rétablir» la livraison de courrier à domicile. Le gouvernement s’est engagé seulement à ne pas réduire plus encore la livraison à domicile pendant qu’il procède à son évaluation des opérations de Postes Canada.

Promesses en cours de réalisation

— Remplacer le système électoral actuel — uninominal à un tour — d’ici les prochaines élections fédérales. Un comité multipartite doit faire rapport au gouvernement d’ici le 1er décembre sur la meilleure solution de rechange, mais un consensus pourrait être difficile à atteindre.

— Légaliser la marijuana. Un groupe de travail doit faire rapport d’ici le 30 novembre et le gouvernement promet une loi le printemps prochain.

— Réformer la loi sur l’accès à l’information pour rendre le gouvernement «ouvert par défaut».

— Modifier la législation antiterroriste controversée adoptée par le précédent gouvernement conservateur. Le gouvernement libéral a lancé des consultations et est en voie de créer un comité de surveillance sur la sécurité nationale.

— Renouveler l’engagement envers les missions de maintien de la paix. Le gouvernement a annoncé la participation de 600 soldats et de 150 policiers pour des missions de l’ONU, mais doit encore décider comment les déployer.

— Revue des réformes en matière de justice criminelle mise en place par les conservateurs.

Promesses dont les résultats se font toujours attendre

— Réformer les lois électorales: abroger les éléments controversés de la Loi sur l’intégrité des élections, rétablir l’indépendance des organismes de surveillance des élections, créer une commission indépendante pour organiser les débats des chefs lors des campagnes électorales et restreindre les dépenses des partis hors des périodes électorales.

— Interdire la publicité partisane du gouvernement et nommer un commissaire à la publicité pour surveiller le respect de l’interdiction.

— Mettre en oeuvre les 94 recommandations formulées par la Commission vérité et réconciliation sur les effets persistants des pensionnats autochtones sur les membres des Premières Nations.

— Rétablir les pensions d’invalidité à vie pour les vétérans.

— Payer les coûts de quatre années d’études postsecondaires pour chaque ancien combattant.

— Réformer les opérations du Parlement, incluant donner plus de pouvoir aux députés d’arrière-ban, avoir une période de questions du premier ministre toutes les semaines, des réunions du Bureau de régie interne plus ouvertes et la fin des projets de loi omnibus.

— Création d’un bureau antiradicalisation pour s’occuper du phénomène des extrémistes nés au pays.

Promesses réalisées mais dont le succès est contesté

— Adhérer aux principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, qui affirme qu’aucune loi et aucun projet ne peut aller de l’avant sans le consentement libre, préalable et informé des peuples autochtones touchés par ceux-ci. Certains chefs autochtones croient que cela leur confère un droit de veto sur des projets concernant les ressources naturelles. Le gouvernement, qui a récemment approuvé le barrage Site C et le terminal Northwest Pacific LNG, affirme que ce n’est pas le cas.

— Collaborer avec les premiers ministres des provinces. M. Trudeau s’est réuni avec eux à deux reprises pour créer une politique nationale sur les changements climatiques et doit avoir une autre rencontre d’ici la fin de l’année. Mais il a déclenché la colère de certains premiers ministres en annonçant unilatéralement le plan fédéral d’imposer un prix plancher sur le carbone — 10 $ par tonne dès 2018 et 50 $ par tonne d’ici 2022 — pour les provinces et territoires qui n’en ont pas. Il les a aussi mis en colère en maintenant la décision unilatérale du gouvernement précédent de limiter les augmentations annuelles pour les transferts en santé aux provinces à un maximum de 3 pour cent, mettant fin à la hausse de 6 pour cent qui était en place depuis 2004.

— Rétablir la confiance du public envers les évaluations environnementales pour les projets de ressources naturelles. Pendant qu’il élabore les nouvelles règles, le gouvernement a établi un processus intérimaire imposant des barrières environnementales plus sévères et des consultations avec les Autochtones. Mais l’évaluation de l’Office national de l’énergie sur le projet d’oléoduc Énergie Est a été bloquée en raison de plaintes concernant des membres de l’Office qui ont secrètement rencontré des promoteurs du projet.

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