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Des profs à la rescousse de données sur le climat

Paola Loriggio, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

TORONTO — Des chercheurs de l’Université de Toronto souhaitent lancer un mouvement de sauvegarde de données scientifiques sur le climat, qu’ils croient menacées par l’entrée en fonction imminente de Donald Trump aux États-Unis.

Un groupe de professeurs organise samedi une séance de «guérilla d’archivage» afin de dénicher et sauvegarder des informations actuellement rendues publiques par l’Agence de protection environnementale américaine (EPA).

La coorganisatrice Michelle Murphy affirme avoir décidé de passer à l’action après avoir pris connaissance de la composition de l’équipe de transition du futur président des États-Unis, qui compte de nombreux climatosceptiques.

Donald Trump a récemment placé le procureur général de l’Oklahoma, Scott Pruitt — défenseur des énergies fossiles et fervent détracteur de l’EPA — à la tête de l’agence. Il a aussi attribué le poste de secrétaire de l’Énergie à l’ancien gouverneur du Texas Rick Perry, connu pour ses liens avec l’industrie pétrolière de son État.

Michelle Murphy, qui est experte en matière d’environnement et de science et technologie, craint pour l’avenir de «la gouvernance fondée sur les faits en matière d’environnement» aux États-Unis, tandis que le futur 45e président américain voit le réchauffement planétaire comme un canular.

«Si nous entrons dans une époque où la fracturation (hydraulique), les pipelines, l’extraction et l’industrie sont moins réglementés qu’ils ne le sont actuellement, l’accès du public aux informations concernant les conditions dans lesquelles sont menés ces projets sera crucial pour les contester», soutient Mme Murphy.

«Alors ces données ne sont pas seulement pour la postérité, a-t-elle poursuivi. Elles sont pour les communautés, pour les organismes, pour la justice environnementale.»

Patrick Keilty, chargé de cours à la faculté d’information, souligne que les gouvernements canadien et américain ne sont pas étrangers à la destruction de données, notamment lors de la passation des pouvoirs. M. Keilty, qui coorganise également la réunion de samedi, évoque le cas de George W. Bush, qui souhaitait fermer la bibliothèque de l’EPA, ou encore la suppression de documents scientifiques sous le gouvernement de Stephen Harper.

«Nous ne pensons pas que dès le Jour 1, le 20 janvier, quand il va prêter serment, toutes les données seront perdues, a-t-il précisé. Nous sommes inquiets que le retrait de financement entraîne, à la longue, une asphyxie des données.»

Les robots d’indexation, qui explorent le Web à la recherche de ressources à collecter, sont parfois incapables d’archiver automatiquement des bases de données, des feuilles de calcul ou des documents en format PDF — fréquemment utilisés dans le cadre de rapports gouvernementaux.

C’est pourquoi des humains méthodiques devront manuellement explorer les sites web à la recherche des informations les plus sensibles, expose M. Keilty.

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