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Ottawa s'intéresse aux «chaînes de blocs»

Andy Blatchford, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le gouvernement libéral fédéral, toujours à l’affût de l’innovation, s’intéresse grandement à la toute nouvelle technologie de la «chaîne de blocs», qui pourrait être à la base du prochain chapitre d’internet.

La chaîne de blocs est une technologie de stockage et de transmission d’informations «transparente et sécurisée», fonctionnant sans organe central de contrôle. La base de données emmagasine chronologiquement, sous forme de blocs liés les uns aux autres, les transactions successives effectuées entre ses utilisateurs depuis sa création. Comme cette base de données est partagée sans intermédiaires, tous les utilisateurs peuvent vérifier la validité de la chaîne, ce qui rend le piratage et la manipulation beaucoup plus difficiles.

Selon des experts, le Canada démontre déjà beaucoup d’intérêt pour cette technologie naissante, apparue avec le «bitcoin» pour servir de registre des transactions et remplacer les intermédiaires entre acheteurs et fournisseurs. Le gouvernement de Justin Trudeau, qui souhaite stimuler l’économie, y verrait une belle occasion de recherche et développement dans un secteur prometteur.

En décembre, des responsables gouvernementaux, dont la ministre du Commerce international de l’époque, Chrystia Freeland, ont rencontré des dirigeants de grandes entreprises, d’institutions financières, d’organismes de réglementation et d’entreprises du secteur des hautes technologies. La discussion a porté sur l’éventualité de créer au Canada un pôle mondial pour la «révolution» des chaînes de blocs, selon l’ordre du jour de la rencontre.

Alex Tapscott, président-directeur général de la firme-conseil Northwest Passage Ventures, un des hôtes de la rencontre, croit que la chaîne de blocs «ne constitue rien de moins que la deuxième génération d’internet». Il estime que cette technologie pourrait être à la base d’une nouvelle «révolution industrielle» et de l’économie de l’innovation au Canada.

La technologie permettrait notamment d’améliorer l’efficacité des services gouvernementaux, d’élaborer un système éprouvé de vote électronique, ou de mettre en place un bureau de l’enregistrement des titres de propriété extrêmement fiable. La chaîne de blocs permettrait aussi de réduire considérablement les coûts de transferts de fonds vers l’étranger et de protéger les renseignements personnels contre les fraudeurs.

Certains avancent même que cette nouvelle technologie pourrait réduire les inégalités sociales et accroître la prospérité dans les pays en développement.

Au gouvernement fédéral, on indique que les ministères tentent actuellement de comprendre les implications de cette nouvelle technologie afin d’élaborer des politiques, notamment en matière de protection des renseignements personnels, de transactions financières et de cybersécurité, a indiqué une source qui a requis l’anonymat. Le Canada se classe déjà au troisième rang, après les États-Unis et le Royaume-Uni, au chapitre des entreprises en démarrage qui se consacrent aux chaînes de blocs, selon cette source.

«Par un curieux hasard, le Canada et Toronto apparaissent déjà comme un des leaders dans le monde», estime M. Tapscott. «Mais on perdra cette avance si tout le monde ne pousse pas dans la même direction.»

Jeremy Clark, un as des chaînes de blocs à l’Université Concordia, à Montréal, croit lui aussi que les organismes de régulation peuvent donner un sérieux de coup de pouce aux chercheurs afin de maintenir le Canada dans le peloton de tête — et, partant, de stimuler l’économie.

«Le Canada peut être un chef de file. Sera-t-il le leader mondial? Je ne suis pas sûr — les États-Unis nous ont probablement déjà battus. Mais le Canada peut certainement faire partie des cinq premiers», soutient M. Clark, qui a beaucoup étudié la façon d’utiliser les chaînes de blocs afin d’élaborer un système de vote électronique.

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