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Débat sur la décriminalisation de la prostitution

Photo: Collaboration spéciale

La diminution des violences liées à la prostitution passe par la décriminalisation, avance l’Institut Simone-De Beauvoir (ISdB), qui a dévoilé mardi les arguments qui seront soumis à la Cour suprême.

L’avocat représentant l’institut de l’Université Concordia, Me Walid Hijazi, disposera de seulement dix minutes, jeudi, pour son exposé. Il y présentera des arguments en défaveur des trois articles du Code criminel liés à la prostitution qui sont au cœur de la cause Bedford: les maisons de débauche, vivre des fruits de la prostitution et la sollicitation sur les lieux publics.

Dans le mémoire, on indique que l’échange de sexe contre de l’argent n’est pas le geste qui, en soi, met nécessairement en danger les prostituées ou la société. «Ce qui augmente le risque de préjudice, c’est l’interdiction de tenir des lieux sécuritaires consacrés à ces activités», déclare Viviane Namaste, professeure à l’ISdB.

Mme Namaste ajoute qu’il est très néfaste d’interdire aux prostituées de solliciter leur client sur un lieu public, puisque «qu’elles se retrouvent dans des lieux isolés pour négocier des‘‘modalités’’».

Adoptant une position plus mitigée, le Conseil du statut de la femme croit qu’il faut uniquement criminaliser les activités et individus liés à la prostitution, à l’exception des prostituées. Le Conseil estime que ce modèle, appuyé de services d’accompagnement spécialisés, aidera les personnes prostituées à quitter le milieu. Cette position détonne de celle de l’ISdB, ainsi que de celle du gouvernement du Québec, qui prône plutôt un statu quo.

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«La prostitution existe et continuera d’exister», rétorque Émilie Laliberté, de l’organisme en soutien aux travailleuses du sexe, Stella. «Il reste à espérer que les audiences qui s’ouvrent à la Cour suprême ne serviront pas à alimenter une réflexion sur les moyens d’éradiquer la prostitution, mais sur les façons d’offrir un contexte où les travailleuses peuvent être en sécurité», dit-elle.

Cas Bedford: Rappel des faits

  • Le cas Bedford est une longue saga judiciaire entamée en 2009, en Ontario, par trois travailleuses du sexe qui estiment que les lois nuisent à leur droit fondamental à la sécurité.
  • La Cour suprême se penche cette semaine sur le dossier, il faudra attendre de six à neuf mois pour connaître la décision.
  • Deux scénarios sont possibles : maintien de la loi ou invalidation (impliquant l’écriture d’une nouvelle loi).

Débat: Les travailleuses du sexe sont-elles des victimes?

Oui
«La majorité des prostituées subissent des violences physiques et psychologiques liées à leur travail. Nous voulons décriminaliser ces victimes pour les aider à sortir du milieu, tout en criminalisant les autres individus qui profitent de ce système.» -Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme

Non

«Les prostituées sont capables de faire des choix libres et éclairés. Il faut décriminaliser entièrement la prostitution si on veut permettre la tenue de services sexuels plus sécuritaires pour les travailleuses du sexe et leurs clients.» -Émilie Laliberté, directrice générale de Stella, l’amie de Maimie

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