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Plaidoyer pour une politique québécoise de l’interculturalisme

Photo: Getty Images/iStockphoto

Le Québec devrait se doter d’une politique claire sur la diversité et l’interculturalisme, selon une étude de l’Institut de recherche en politiques publiques publiée mardi. Entrevue avec l’un des deux auteurs, Bob W White, professeur au département d’anthropologie de l’Université de Montréal.

Quelles différences y a-t-il entre le multiculturalisme canadien et l’interculturalisme québécois?
Notre étude constate d’abord les principes communs entre les deux approches, notamment la reconnaissance de la diversité culturelle, la promotion de la cohésion sociale et la lutte à la discrimination. Quelqu’un qui n’irait pas plus loin, pourrait conclure que l’interculturalisme n’a alors pas de raison d’être, ce qui est inexact. En effet, le multiculturalisme ne reconnait pas la présence d’une groupe majoritaire, ce qui rend difficiles les relations entre la majorité et les minorités. Or, s’il n’y a pas de référence aux avantages du groupe majoritaire, comment envisager le vivre ensemble? On pourrait ajouter que le multiculturalisme est une approche par la diversité, alors qu’interculturalisme fonctionne par une approche citoyenne, ce qui permet en principe plus d’équité et une meilleure cohésion sociale.

Y a-t-il vraiment urgence à créer une politique de l’interculturalisme?
Le problème de l’interculturalisme, c’est qu’il n’est pas enchâssé dans la loi et touche surtout les programmes liés à l’immigration, ce qui peut donner l’impression que l’intégration repose uniquement sur les épaules des immigrants. À l’inverse, le multiculturalisme est inclus dans la Charte canadienne des droits et libertés et influence ainsi tous les programmes gouvernementaux, c’est l’affaire de tous. Une telle politique est d’autant plus nécessaire que le nombre de minorités visibles pourrait doubler d’ici 20 ans et que les problèmes de discrimination et de racisme persistent. Mais son élaboration doit se faire dans un contexte plus calme, avec une réelle consultation de la population et loin de toute idéologie.

En quoi une ville comme Montréal a un rôle à jouer dans la création d’une politique sur la diversité et l’interculturalisme?
Les municipalités sont les mieux placées pour effectuer des changements, car elles sont plus proches des besoins quotidiens des citoyens. Une ville comme Montréal a 30 ans d’expertise dans le domaine de l’intégration des nouveaux arrivants. Elle est d’ailleurs classée en cinquième position sur 40 dans le Réseau des cités interculturelles derrière Neuchâtel, Oslo, Zurich et Dublin. Montréal se distingue aussi pour la diversité des communautés ethnolinguistiques, son faible nombre de ghettos et aussi pour son historique d’action interculturelle au niveau des organismes communautaires. Plusieurs constatent qu’un contexte bilingue peut faciliter l’intégration des immigrants de façon considérable.

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