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Une autre façon de faire l’Innocent

Photo: Orange Médias

Emmanuel Bilodeau tient la vedette d’Innocent, un long métrage québécois qui cherche à s’affranchir des modèles en place.

Ayant délaissé le cinéma depuis Curling (on a pu l’entrevoir dans The Revenant, d’Inarritu), Emmanuel Bilodeau y retourne avec aisance au sein de cette comédie dramatique signée Marc-André Lavoie (Hot Dog), où il campe un homme naïf qui se met les pieds dans des situations rocambolesques. Un héros que n’aurait pas renié Francis Veber.

Vous êtes fidèle au réalisateur, avec qui vous avez tourné Bluff et Y’en aura pas de facile…
Oui. J’adore la démarche de Marc-André. C’est tout croche et en même temps, il est extrêmement rigoureux. Ça me ressemble. Pour Innocent, il avait en tête des petites histoires, mais pas de scénario. Ce n’était pas un travail de cinéma classique. Je me faisais des idées et je proposais des choses. Il y avait pas mal d’improvisation, mais Marc-André savait toujours où il s’en allait. C’était rassurant

Vous en connaissez, des innocents?
Je pense que je reconnais beaucoup le Québécois moyen, en fait. Il est sympathique, aidant, il ne veut pas trop déplaire et il se cherche un peu aussi… On a tous une innocence. Mon personnage ne l’a pas perdue au fil du temps et il fait confiance, il fonce. Ses idées ne sont pas toujours bonnes, mais au moins, il le fait avec cœur.

«À 53 ans, mon créneau n’est pas clair. Je ne sais pas de quoi j’ai l’air. Je pense que j’ai l’air innocent: c’est pour ça que j’ai eu le rôle!» –Emmanuel Bilodeau, sur son travail avec le réalisateur Marc-André Lavoie

Le film a été tourné avec quelques centaines de milliers de dollars…
Tout à fait. Pourquoi attendre les institutions pour faire un film? Au Québec, il n’y a malheureusement pas beaucoup d’argent qui est alloué à l’art. Ça crée des situations où des films ont des budgets de 5 à 10 millions et se plantent. On peut faire des films pour beaucoup moins cher.

Ils seront aussi bons?
Ils vont être différents. Ils ne seront peut-être pas aussi léchés sur le plan de la lumière, avec tous les détails et le scénario, mais ils vont quand même exister.

Ils pourront peut-être rapporter un peu d’argent, ce qui arrive rarement dans le cinéma québécois…
C’est confrontant, la façon de faire de Marc-André, parce qu’il est rentable. Évidemment, ce n’est pas le seul objectif en cinéma. On peut faire des festivals : c’est rentable pour le Québec. On peut faire fonctionner la machine culturelle et c’est rentable pour l’économie. Tout ça, c’est vrai. Mais Marc-André, c’est une autre affaire qui a sa place dans le système culturel québécois.

Innocent a été sélectionné au Festival du nouveau cinéma, ce qui peut être surprenant vu que le genre «comique» a souvent mauvaise réputation…
Ça peut être un pied de nez sympathique à tous ceux qui jugent Marc-André Lavoie ou ses films. Beaucoup de Québécois ont tripé sur Hot Dog… Innocent est un film qui est à cheval entre le film commercial et le film d’auteur. L’auteur n’est pas Dostoïevski ou Rimbaud; c’est un autre type d’auteur.

Innocent

  • Au FNC lundi à 19h – Au Cinéma Impérial
  • En salle le 13 octobre

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