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On ne choisit pas sa famille

Photo: Babas Photography

Sophie Dupuis brûle l’écran avec son premier long métrage, Chien de garde, qui prend l’affiche aujourd’hui.

En effet, on ne choisit pas sa famille. C’est d’autant plus vrai dans ce drame, qui évoque la tragédie grecque avec ses relations fraternelles conflictuelles et ses rapports presque incestueux. Des thèmes que la réalisatrice Sophie Dupuis avait abordés dans ses précédents et surprenants courts métrages.

«On dirait qu’on subit tous de la manipulation, de la violence psychologique, évoque-t-elle en entrevue. C’est devenu banal. Quand ça se passe au niveau de la famille, il n’y a pas de porte de sortie. On accepte beaucoup plus de choses qu’on n’accepterait pas dans un autre milieu. On dirait qu’on peut aller tellement loin là-dedans… Comme les liens familiaux sont si forts, les personnages n’ont souvent pas le choix de s’aimer. Il y a quelque chose qui dépasse la raison.»

Optant pour une mise en scène explosive, toute en mouvement et en fluidité, le récit qui pourrait se dérouler sous n’importe quel toit renvoie au visage du spectateur ses propres actions et celles de la société. Ce héros (Jean-Simon Leduc) pris entre son devoir de fils, de grand frère, et son désir de s’affranchir est coincé dans un milieu malsain qui le pousse vers la criminalité. S’émanciper a évidemment un prix…

«Avec Chien de garde, je voulais faire un film sensoriel, où on vivait quelque chose, une expérience physique. Après les projections tests, si les gens me disaient avoir eu mal au ventre, j’avais le sentiment d’avoir atteint mon but.»- Sophie Dupuis, réalisatrice et scénariste

Cette liberté, la cinéaste de Val-d’Or l’a trouvée chez ses comédiens, s’offrant, à l’instar des frères Dardenne, plus d’un mois de répétitions. Un fait rare pour une production québécoise. «Mais ce fut payant, explique la metteure en scène, en rappelant le jeu transcendant de Théodore Pellerin en frangin du protagoniste. Tout tourne autour des personnages. J’avais besoin de ce temps-là, de cette énergie-là.» L’équilibre se crée dans la discussion, dans l’approfondissement et la connaissance du personnage.

«Pour moi, la création, c’est extrêmement intime, confie Sophie Dupuis. Le lien qu’on avait avec les acteurs était tellement fort… C’est quelque chose, je pense, dont on ne peut pas revenir.»

Nouvelle vague
Les scènes fortuites, Destierros, Manic, All You Can Eat Bouddha, Isla Blanca, Ailleurs… 2018 est l’année où de jeunes cinéastes québécois décloisonnent le septième art avec des premiers longs métrages qui brassent la cage.

«Il y a vraiment une émergence de nouvelles voix, de nouvelles visions, concède Sophie Dupuis, la réalisatrice de Chien de garde. Les gens ne se censurent pas et ils y vont à fond dans ce qu’ils sont, ce qu’ils ont envie de dire. Je pense que c’est pour ça que sortent autant de films singuliers et authentiques. Il y a une envie de renouveau, de cinéma un peu plus dynamique. Je pense qu’on va briser un peu le préjugé du film d’auteur lent, québécois, qui s’adresse à des cinéphiles avertis.»

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