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We the Animals: La jeunesse de la bête

Photo: Tayarisha Poe/Collaboration spéciale

Déjà surnommé le Moonlight de 2018, We the Animals, réalisé par Jeremiah Zagar, est un premier long métrage touché par la grâce.

En 2012, alors qu’il travaillait sur le montage de l’excellent documentaire The Square, Jeremiah Zagar est tombé en amour avec le livre We the Animals de Justin Torres. «Ça me rappelait ma famille, l’endroit où j’ai grandi, confie le réalisateur au bout du fil. C’est un portrait qu’on dresse rarement et je me sentais interpellé.»

Le long métrage, raconté par le regard de trois jeunes garçons, raconte les amours toxiques de leurs parents, un couple qui s’aime d’une passion intense, mais destructrice. Un environnement pas toujours sain pour ces jeunes âmes facilement influençables.

«C’est parfois difficile de comprendre l’amour épique et compliqué qui surgit entre les gens, note le cinéaste, dont le documentaire In a Dream portait sur sa propre famille tumultueuse. C’est de l’amour extrême, de la manière la plus mythique possible.»

Même s’il s’agit d’une fiction, le passé de documentariste du trentenaire est clairement perceptible ici, autant dans l’utilisation d’archives qu’avec cette caméra qui frôle constamment le corps des personnages.

«Peu importe le format, je travaille toujours de la même manière, éclaire le principal intéressé. Je suis attiré par les choses réelles, honnêtes. Je cherche à créer un espace d’intimité radical pour les spectateurs afin qu’ils ressentent avec toutes leurs émotions qu’ils sont en train de regarder une véritable famille, de vraies personnes.»

Faire jouer de charismatiques jeunes comédiens non professionnels, épatants de vérité et de naturel, est déjà un pas dans la bonne direction.

«On a rencontré un millier de personnes pour trouver nos trois perles rares, rapporte le metteur en scène. Bien qu’on tournait peu de scènes à la fois avec eux, ils ont rapidement saisi l’essence de leur personnage.»

«Je ne veux pas raconter la même histoire encore et encore, de la façon qu’on a pu la voir auparavant. Je veux y apporter quelque chose d’unique.» -Jeremiah Zagar, réalisateur de We the Animals

We the Animals aurait pu être un récit initiatique comme les autres. Mais le film, récompensé à Sundance, est porté par un vent de liberté qui nous enveloppe allègrement.

Entre rugissements de rage façon Beasts of the Southern Wild, authenticité à la Florida Project et lyrisme omniprésent qui rappelle le cinéma de Terrence Malick (même utilisation de la voix hors champ et d’une photographie baignant dans les levers et couchers de soleil), l’effort, impressionniste à ses heures, donne régulièrement dans la poésie et même dans l’animation pour s’échapper des conventions.

«En tant que réalisateur, je veux essayer de nouvelles choses, explique Jeremiah Zagar. J’ai tenté de pousser le médium afin de créer un langage qui nous est cher, pour trouver ma propre langue. Celle où je me sens confortable et que je vais développer au fil des films, des années… Mais ça ne m’empêche pas d’être influencé par les grands cinéastes comme Lynne Ramsay et son formidable Ratcatcher

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