Soutenez

Les salopes ou le sucre naturel de la peau: dans l’air du temps

Photo: Filmoption International

S’il y a un film qui risque d’alimenter les discussions, c’est bien Les salopes ou le sucre naturel de la peau, de Renée Beaulieu.

Difficile de trouver un film plus d’actualité que cette œuvre audacieuse sur une scientifique (Brigitte Poupart, éblouissante) qui revendique sa liberté et sa sexualité.

Déjà, le titre ne laisse pas indifférent. Lorsque nous avons visité le plateau de tournage à l’automne dernier, le mouvement #MeToo venait à peine de débuter.

«Mais la genèse du film date de 2011, rappelle la cinéaste en entrevue. Ce qui m’a encouragée, c’est Elle, de Paul Verhoeven. Isabelle Huppert a plongé dans cet univers tendancieux, envers et contre tout, sans trop se poser de questions. Ça m’a inspirée. Et comme je produisais aussi mon film, je n’avais rien à perdre.»

Il fallait tout de même une bonne dose de courage pour accoucher de cet électrochoc qui fait fi des idées préconçues, renversant allègrement les stéréotypes.

On a ainsi droit à une héroïne sensuelle et intellectuelle qui n’hésite pas à suivre ses envies malgré son statut de mère et d’épouse.

«La sexualité a mauvaise presse, presque tout le temps.» -Renée Beaulieu, réalisatrice des Salopes ou le sucre naturel de la peau

«Ce désir de la femme d’avoir une sexualité saine, normale, qui se rapproche de la vraie vie, on n’en parle pas et on ne le représente surtout pas», note celle qui a offert en 2015 le long métrage Le garagiste.

L’ancienne pharmacienne explore de front des sujets tabous (la sexualité des adolescents, le rapport de pouvoir entre professeur et étudiant, les iniquités hommes-femmes) sans jamais faire la morale, séparant par la même occasion l’amour et le sexe.

«On les met toujours ensemble et c’est quelque chose qui me dérange, avoue la metteuse en scène. C’est possible la rencontre sexuelle. Mais c’est souvent dénié, décrié, ridiculisé, alors que ça existe, que c’est beau et puissant. C’est rarement représenté de cette façon, parce qu’en général, le couple et l’amour prennent toujours le pas sur la sexualité. On dénigre la sexualité, comme si elle était belle, mais uniquement dans le couple. J’avais envie de faire exploser ça.»

Ne faire qu’un
Tourné en 17 jours seulement, Les salopes ou le sucre naturel de la peau bénéficie grandement de ses moyens réduits, utilisant cette épuration dans l’élaboration d’un véritable cadre naturaliste.

«Comme je voulais montrer le plaisir de la femme, il ne fallait pas découper les scènes de sexualité, le corps de la femme, ce qui se fait trop souvent au cinéma, explique la cinéaste Renée Beaulieu. La caméra glisse sur les corps, à la recherche de la rencontre. On cherche à montrer ce qui est beau, la rencontre entre les deux êtres, où on voit les doigts, où il y a une complicité. C’est fluide, pas léché. C’est comme si on était avec eux et non pas comme si on les regardait. C’est comme si on participait à ça.»

Les salopes ou le sucre naturel de la peau est présentement en salles.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.