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Chasse au Godard d’Abbittibbi: vivre sa vie

Photo: Funfilm

Dans Chasse au Godard d’Abbittibbi, le cinéaste Éric Morin remonte dans le temps jusqu’à la fin des années 1960, époque où le père de la Nouvelle Vague est venu visiter le Québec, faisant par la même occasion de Sophie Desmarais une sorte d’Anna Karina.

Il y a quelque chose de très iconique et de référentiel dans ce long métrage où un couple (Sophie Desmarais et Alexandre Castonguay) décide d’aider un réalisateur (Martin Dubreuil) qui se sent influencé par les idéaux révolutionnaires d’un certain Jean-Luc Godard. Du montage pimpant aux intermèdes musicaux à la Jacques Demy, en passant par ce triangle amoureux très Jules et Jim et cette façon de recourir aux publicités d’antan, l’immersion est totale.

«Je ne voulais pas que ça soit trop un film de références, mais je ne m’en suis pas privé, explique Éric Morin en entrevue. Je l’appelle mon gros film étudiant. C’est mon premier film et j’ai voulu me faire plaisir.»

La musique de Philippe B fait partie intégrante de l’action, ce qui est presque normal pour ce metteur en scène musicien, à qui l’on doit également quelques vidéoclips et le documentaire Mutantès : Dans la tête de Pierre Lapointe. Derrière son ton ludique, l’essai est également très personnel et biographique.

«Je voulais créer deux personnages qui vont parler d’un dilemme que j’ai à l’intérieur de moi depuis toujours : partir ou rester dans ma région natale? » évoque le scénariste abitibien, qui était réalisateur du magazine culturel Mange ta ville.

Pour exprimer cette question universelle, le documentaire est venu fracasser la fiction, un peu de la même façon que le Masculin féminin de Godard. Pour leur projet, nos héros se mettent à interroger les gens qui les entourent – qui sont campés par des acteurs, mais également par Monsieur et Madame Tout-le- Monde – sur des sujets aussi variés que le pays, le travail, la culture et les rêves.

«Je pense que mes personnages parlent au présent et ils parlent de sujets qui sont encore actuels, développe Éric Morin, en abordant le processus d’improvisation. Il est question de rapports aux luttes sociales, de questionnements sur les droits des gens et sur la manière de revendiquer.»

Bande à part
Avec son style patchwork, ses nombreuses références et son mélange de fiction et de documentaire, Chasse au Godard d’Abbittibbi se trouve aux antipodes de ce qui se fait au Québec sur le plan cinématographique.

«Quand j’ai vu À tout prendre de Claude Jutra il y a quelques années à la Cinémathèque québécoise, je me suis demandé pourquoi plus personne ne faisait des films comme ça, se rappelle Sophie Desmarais. Le film est tellement libre, il a un vrai souffle. Pourquoi aujourd’hui les films sont-ils plus rigides au niveau de la forme, des scénarios? Je suis contente qu’avec ce projet, on se permette d’aller dans des zones du cinéma direct. Je trouvais qu’il y avait un beau legs dans l’approche d’Éric.»

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Chasse au Godard d’Abbittibbi
En salle dès vendredi

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