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Devil’s Knot, ou quand la vérité ment

Photo: Remstar

«Ce film est un des plus radicaux que j’ai fait», assure Atom Egoyan, en parlant de Devil’s Knot. Il n’en fallait pas plus pour piquer notre curiosité.

Surtout que la prémisse est loin d’être banale. En 1993, dans un village de l’Arkansas, trois enfants sont assassinés, et les regards se portent rapidement sur trois adolescents «différents» qui ont été jugés lors d’un procès que plusieurs affirment avoir été bâclé.

«C’est un crime très mystérieux, avoue le sympathique réalisateur canadien d’origine arménienne au cours de notre rencontre survenue pendant le Festival du nouveau cinéma. Il n’y a ni empreintes ni ADN. Il y a quelque chose de démoniaque. Et comme la communauté est très religieuse, il faut trouver les coupables rapidement.»

Quelques voix dissidentes se dressent tels des Don Quichotte devant ces moulins à vent, dont l’avocat défendu par Colin Firth et la mère éplorée d’une des victimes, interprétée par Reese Witherspoon. Mais ce n’est pas suffisant.

«C’est ce que le film est, explique Atom Egoyan. C’est ce qu’on peut faire dans une situation où on n’a pas de contrôle, parce que personne ne peut rien changer. Il n’y a pas de salut, pas d’échappatoire, et ultimement, la communauté tente de résoudre le problème à sa façon et on sait que ce n’est pas la vérité.»

Même si cette histoire a déjà été racontée dans d’excellents documentaires (Paradise Lost et ses deux suites, West of Memphis), cela n’a pas empêché le créateur de The Sweet Hereafter de plonger tête première dans ce sujet, qui rejoint plusieurs de ses préoccupations (le mensonge, l’aliénation, les apparences).

«Il y a du mystère, de l’horreur, un drame qui se déroule en cour et des aspects plus documentaires, note le metteur en scène. Je pense que, pour la première fois, j’ai utilisé différents genres pour raconter une histoire, tout en restant fidèle à ma sensibilité.»

Atom Egoyan a cependant embarqué dans cette production une fois qu’elle était déjà en route, n’ayant – fait rare pour lui – pas participé au scénario.

«Je suis très intéressé par l’ambiguïté, le fait qu’il n’y ait pas de conclusion satisfaisante, et je pense qu’un autre réalisateur aurait tenté d’éclairer ce qui s’est passé, de pointer des responsables, de faire passer son point de vue. Pas moi.»

Tâter la grande machine
Ces dernières années, le chemin d’Atom Egoyan, maître du septième art indépendant (Exotica, The Adjuster), l’a amené vers des comtés plus hollywoodiens, qu’on pense à Where the Truth Lies, à Chloe et maintenant à Devil’s Knot. Le cinéaste affirme pourtant ne pas avoir été corrompu. «Ces occasions se sont présentées et elles m’intéressaient. Je ne le vois pas sur le plan carriériste. Je ne fais que continuer à travailler. Et je fais du théâtre et d’autres choses. Quand quelqu’un m’offre quelque chose d’alléchant, je décide de l’explorer. Peut-être que mon prochain film, The Captive, va réfléter ce que je faisais avant avec Adoration ou Citadel.»

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Devil’s Knot
En salle dès vendredi

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