Rhymes for Young Ghouls: les bêtes du nord sauvage
Avec son premier long métrage Rhymes for Young Ghouls, le cinéaste québécois Jeff Barnaby recycle efficacement différents clichés liés aux films amérindiens.
Il y a bien au menu tout ce qui témoigne de la douloureuse réalité de la vie dans les réserves amérindiennes (dépression, dépendance à l’alcool et aux drogues, suicide), mais ces éléments sont présentés d’une façon qui évite le mélodrame.
«Je ne voulais pas forcer le drame, explique le réalisateur et scénariste amérindien en entrevue. Je voulais styliser le film le plus possible pour que ça soit moins déprimant. Et je pense qu’en agissant ainsi, ça implique davantage le spectateur. Pourquoi quelqu’un voudrait dépenser de l’argent pour quelque chose de misérable?»
Tout en demeurant réaliste, Rhymes for Young Ghouls (Rimes pour revenants) ne se gêne pas pour embrasser l’univers mythologique et folklorique peuplé de légendes et de superstitions. À partir d’un scénario qui évoque, aux dires de son auteur, celui de Conan the Barbarian (une héroïne dépossédée de ses parents cherche à se venger d’un homme extrêmement dangereux qui fait de son quotidien un enfer), le récit recoupe bientôt différents genres, lorgnant vers le suspense et l’action, la fantaisie et l’horreur.
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«Je pense que mon film a l’air plus intelligent qu’il ne l’est réellement, lance en riant son metteur en scène. Mais cette façon de faire est la seule que je connaisse. C’est ma sensibilité, la manière dont mon cerveau travaille. Je pense que je fais partie de la génération de gens qui sont devant la télévision, le nez dans un livre, tout en écoutant de la musique et en pensant à jouer à un jeu vidéo.»
Si le cinéaste affirme avoir voulu réaliser le film le plus divertissant possible, l’essai n’en demeure pas moins riche de sens, autant socialement que politiquement. «Je n’y ai même pas pensé, déclare Jeff Barnaby. Je n’ai pas mis délibérément des aspects sociaux, parce que quand tu commences à faire ça, tu commences à prêcher. Et je ne pense pas que ce film devait faire la morale. Tu n’as pas besoin de quelqu’un qui fasse un discours comme quoi les Indiens sont maltraités. Je fais confiance aux spectateurs qui vont être assez brillants pour décoder ce qui est à l’écran.»
Force de caractère
À l’image de Jennifer Lawrence dans Winter’s Bone, Devery Jacobs a tenu à modifier son apparence pour tenir le rôle principal de Rhymes for Young Ghouls.
«Le réalisateur me trouvait trop jolie», raconte l’actrice mohawk en rougissant, dont le jeu physique apporte beaucoup au personnage. Elle ne s’est d’ailleurs pas seulement servie des confidences de son entourage pour être le plus crédible possible. «J’ai travaillé avec des femmes dans un refuge à Montréal pendant mes études. J’y ai puisé plus d’expériences que dans mes cours de jeu. Ça m’a beaucoup aidée parce que le film traite de survie. Et ça, c’est quelque chose à quoi tout le monde peut s’identifier.»
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Rhymes for Young Ghouls
Présentement en salle