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Anne des vingt jours: retourne sur tes pas

Photo: Filmoption international

Récit fantomatique et poétique où Anne Hébert permet au réalisateur Michel Langlois de revisiter son passé, Anne des vingt jours est un pèlerinage intime et personnel, comme un murmure furtif dans la nuit.

Vingt jours. Il n’en faut pas plus pour marquer irrémédiablement une personne. C’est le cas de Michel Langlois qui, à l’été 1975, a côtoyé Anne Hébert dans une auberge de Charlevoix. Tout a alors pris sens, autant son admiration pour la grande poétesse, avec qui il a entretenu des échanges épistolaires, que sa relation avec la famille Desgagnés qui s’occupait de l’auberge et qui est devenue la principale inspiration de son œuvre cinématographique, de Cap Tourmente à Mère et monde.

«Ce n’est pas tellement la nostalgie, c’est plus une démarche obsessionnelle, avoue le metteur en scène, rencontré dans un café montréalais. Je pense qu’on ne porte pas tant de sujets que ça. Et il faut bien l’admettre, je ne suis pas capable de parler d’autre chose que de moi. Mais en parlant de soi, ça finit par devenir universel.»

Plus qu’un prétexte, Anne Hébert est finalement devenue un fil conducteur, qui offrait à l’essai l’opportunité d’aborder des thèmes plus larges, tels la vie, l’amour et la mort. «C’est aussi devenu un voyage d’amitié, de poésie, d’exil», explique le cinéaste. De la comédienne Andrée Lachapelle qui prête sa voix et son corps tout entier à l’auteure de Kamouraska, il y a également la chanteuse Jane Birkin qui récite des extraits du Tombeau des rois, dont les vers font écho à une expérience souffrante.

Du présent, Anne des vingt jours accède au passé sans crier gare. Un procédé de mise en scène où les souvenirs sont parfois faussés, telle cette fiction qui prend d’assaut le documentaire pour le réécrire. «On est toujours en train de fictionnaliser notre vie, confie Michel Langlois. De toute façon, notre mémoire nous trompe. Par exemple, des évènements que je sépare dans le temps se sont passés dans la même semaine. La valeur que tu donnes aux choses n’est plus la même non plus. Il y a parfois la tentation de l’inflation, d’en rajouter. Ou le contraire, la flagellation, de t’accuser davantage. Cette zone-là m’intéressait, entre fiction et mensonges.»

Anne des vingt jours
En salle dès vendredi

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