Critiques CD: Neil Young, Cherub, Adnan Joubran…
Cette semaine, l’équipe de Métro a écouté les derniers albums de Cherub, Adnan Joubran, Neil Young, Paolo Fresu Quintet, Sunfields et LP.
Foudroyant Adnan Joubran Borders Behind Note: |
Après cinq albums avec le trio de oudes (luths orientaux) qu’il forme avec ses frères (et qu’on a pu découvrir dans plusieurs films, comme Cinq caméras brisées), le Palestinien Adnan Joubran fait route seul avec ce premier opus. Et du chemin, il en a fait, puisqu’il nous transporte ailleurs. Tantôt dans sa Palestine natale avec des mélodies torturées, où le violoncelle (Valentine Moussou) insuffle à l’ensemble gravité et profondeur, tantôt dans des détours espagnols flamencos, marqués par les palmas et le cajon de Javier Sanchez. Les divagations improvisées de Joubran, couplées au tranchant de la flûte de Jorge Pardo rappellent parfois l’Inde. Peu importe où, on le suit, dans son univers texturé unique et foudroyant.
– Émilie Bergeron
Succulant Cherub Year of the Caprese Note: |
Dans ce premier album complet, le duo de Nashville se surpasse. Avec un style disco/funk/pop bien unique, Jason Huber et Jordan Kelley sont clairement en train de faire leur place parmi les grands. Chacun des 12 morceaux vaut son pesant d’or, quoique quelques chansons, telles que Disco Shit, Work the Middle et Lifesaver, se démarquent. Si la majorité des mix sonores rappellent les années 1980 version TRÈS améliorée, elles ne sont (presque) rien comparées aux paroles franchement délicieuses, qui sont tantôt remplies de références sexuelles, tantôt remplies d’humour bien senti. C’est parfait, on adore. Enjoy!
– Daphnée Hacker-B.
Lettres de noblesse Neil Young A Letter Home Note: |
L’album s’intitule A Letter Home, mais sonne parfois comme A Phone Call Home. Entre les pièces, des reprises pour la plupart, on entend Neil Young appeler sa mère: «Salut maman! Jack et moi avons redécouvert les morceaux que nous chantions autrefois ensemble!» Le Jack en question, c’est le White, celui des Stripes, qui s’était déjà amusé à bidouiller un disque de reprises avec Wanda Jackson. Ensemble, Young et White, deux puristes du son, se sont payé un trip. Le résultat évoque le travail que Rick Rubin avait fait avec Cash, Neil revisitant aussi, comme l’avait fait Johnny, If You Could Read My Mind. C’est vintage et touchant sans que ce soit pour autant le matériel révolutionnaire auquel on s’attendait de la part de ces grands messieurs.
– Natalia Wysocka
Élegant apéritif Paolo Fresu Quintet ¡30! Note: |
Le trompettiste et bugliste italien Paolo Fresu n’a plus à faire ses preuves. Ce nouveau disque fête en effet les 30 ans de son quintette – un record de longévité pour une formation jazz – qui se mérite des comparaisons justifiées à Mile Davis et Chet Baker. La cohésion du trompettiste avec ses imminents comparses (Tino Tracanna au saxophone, Roberto Cipelli au piano, Attilio Zanchi à la contrebasse et Ettore Fioravanti aux percussions) est certes à maturité mais, seul reproche, pour un anniversaire, ça manque un peu d’artifice. Un cocktail léger, une élégance teintée de blues qui, à défaut de faire lever le party, s’apprécie comme un fin apéritif.
– Émilie Bergeron
Sans artifices Sunfields Habitat Note: |
Les Montréalais de Sunfields ont gagné en maturité. Le résultat? Un deuxième album rock à la touche country soignée, jolie, qui s’écoute généralement bien, mais qui manque certainement d’un peu de la folie qui nous ferait craquer. C’est tranquille, disons. Ghost, le premier titre, a un potentiel intéressant, mais on ne peut en dire autant de Sentiment Heart, ballade au refrain un peu dégoulinant, tant dans la voix que dans la musique et les paroles (I never wanna part and I never wanna hurt). Les plus rythmées Oh! Dear Mother et Prairie Girls nous séduisent davantage. On n’irait pas jusqu’à qualifier Habitat de fade, mais on se demande si celui-ci réussira à se distinguer de la masse.
– Andréanne Chevalier
Pop, pop, pop LP. Forever For Now Note: |
Voilà une dizaine d’années que L.P. (Laura Pergolizzi de son vrai nom) n’avait pas sorti d’album sous son nom, mais elle a entre-temps co-écrit des pièces, notamment, de Heidi Montag, de Rihanna et de Christina Aguilera. Pas surprenant, donc, que la chanteuse originaire de New York ait concocté une série de tubes qui semblent avoir été formatés pour la radio. De la pop accrocheuse, bien sûr, la dame sait s’y prendre. Mais reste que l’impression finale est que rien ne se démarque véritablement sur ce disque. Sauf peut-être la plus surprenante chanson-titre, dernière de l’album, où la voix de L.P. est accompagnée d’un ukulélé. Efficace et jolie.
– Jessica Émond-Ferrat