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Hamster: conte de la banlieue nord

Photo: Yves Provencher/Métro

Boisbriand. Un abribus, une station-service, un parc. Des personnages, jeunes et vieux, qui attendent. Quelque chose. Avec Hamster, Marianne Dansereau présente une métaphore forte (non, on ne peut pas dire de quoi!), puissante et légère à la fois.

Le Festival Dramaturgies en dialogue, qui célèbre le théâtre en présentant des mises en lecture de pièces d’auteurs d’ici et d’ailleurs, prend son envol demain. Pour l’occasion, Métro s’est entretenu avec Marianne Dansereau, récipiendaire du prix Gratien-Gélinas 2015, dont le texte de sa toute première pièce de théâtre, Hamster, sera mis en lecture lundi.

Les lieux sont super importants dans la pièce; c’est la banlieue, et à l’intérieur, il y a la station-service, le parc, l’arrêt d’autobus. Qu’est-ce que vous vouliez aller chercher là dedans?
Les trois lieux, c’est des lieux de latence. On attend quelque chose. Au parc, la fille attend de se décider à aller voir le gars. Dans l’arrêt d’autobus, on «attend» l’autobus, avec des gros guillemets, et au Petro-Can, on attend que notre shift finisse. Je trouve que, dans l’adolescence et dans la banlieue, c’est quelque chose qui se retrouve beaucoup, cette espèce de côté passif-actif.

Les personnages de Hamster semblent paralysés par quelque chose. Dans quel état d’esprit sont-ils?
Ils sont décalés et ont beaucoup de blessures. Dans mes personnages, la blessure définit qui ils sont. Et comment tu deales avec. Es-tu résilient ou tu décides de vivre avec ce qui t’arrive?

Mais on trouve aussi de la bienveillance, surtout chez le Vieux…
C’était très intéressant pour moi, pour le personnage du Vieux, de ne pas aller dans la sagesse, mais dans la bienveillance. Parce qu’aucun autre personnage n’est bienveillant. Personne ne veut vraiment le bien de personne, mais juste son propre bien. C’est très adolescent, parvenu de banlieue, «me myself and I». Le seul qui va vers les autres, c’est un vieux qui est tout seul dans la vie. C’est un beau paradoxe.

Vous trouvez que les jeunes ont cette énergie-là?
Je pense qu’ils ont énormément d’espoir par contre. Je pense que chacun des personnages porte l’espoir de s’en sortir. Ils n’ont pas tous les outils, mais ils essayent vraiment. C’est comme grandir, des fois on ne prend pas les bons chemins, on se trompe, on recule. Pour moi, grandir, c’est ça, c’est prendre conscience de ce que tu fais, de ce que t’as fait, et d’essayer d’être une bonne personne quand même, de devenir ce que tu veux être malgré ça.

Vous êtes diplômée en interprétation de l’École nationale de théâtre. L’écriture, c’est quelque chose que vous aviez en vous depuis longtemps?
J’ai toujours écrit. J’écrivais de la poésie avant. Et j’ai délaissé ça pour le théâtre. À un moment donné, j’ai compris comment j’écrivais, où je pouvais amener la langue, et ça m’a fait tripper. Je m’amuse des fois à mettre des mots comme «barouetter», je me sens super délinquante! J’aime ça écrire du parlé, et que ça devienne stylisé. J’aime faire une esthétique avec ça. Et c’est juste au théâtre que tu peux faire ça. Tu peux le faire dans un roman, mais c’est pas mon truc. Je viens du théâtre. Et on n’en parle pas beaucoup, mais la structure de scènes, d’actes, c’est vraiment le fun jouer avec ça!

Est-ce que vous avez déjà eu à choisir entre l’interprétation et l’écriture? Ou vous saviez que vous vouliez plus jouer?
Je dirais que c’est 50-50. Parce que le jeu influence ma façon d’écrire, et écrire influence ma façon de jouer. Je ne pourrais pas vivre l’un sans l’autre. Ça va ensemble. Ça serait comme m’enlever un bras. Comme dans la vie, j’ai vraiment un côté extraverti et j’ai un côté super introverti.

Quelles sont vos influences sur le plan de l’écriture?
J’aime beaucoup Annick Lefebvre, j’aime son flow. Daniel Danis, j’aime beaucoup son humanité, son côté pété; c’est quelque chose de tellement viscéral. Olivier Choinière. Dans sa pièce Ennemi public, j’ai adoré ses répliques cinglantes, c’est super acéré. Aussi, j’écris par rapport à une sensibilité – il y a des gens pour qui c’est plus cérébral –, mais moi, c’est plus de l’instinct, et j’adore les auteurs qui sont dans cette veine-là d’humanité, de sensibilité. Je trouve que David Paquet est vraiment comme ça; ça vient te chercher au plus profond de toi.

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Dramaturgies en dialogue

Le Centre des auteurs dramatiques (CEAD), qui présente Dramaturgies en dialogue, fête ses 50 ans cette année. L’événement phare de l’institution, qui, lui, en est à sa 7e année, explore cette année les textes d’auteurs de Wallonie-Bruxelles en plus de ceux d’ici.
Du 20 au 27 août, au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui.

Hamster
Lundi 24 août, 19 h
Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
dramaturgiesendialogue.com

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