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Guibord s’en va-t-en guerre: faire la différence

Photo: Yves Provencher/Métro

En cette période électorale, Philippe Falardeau nous dilate la rate avec Guibord s’en va-t-en guerre.

Au Québec, choisir de faire un film sur la politique est rare. Encore plus si ce film n’aborde pas la question identitaire ou nationale. «C’est plutôt une tradition anglo-saxonne, admet en entrevue le toujours affable cinéaste Philippe Falardeau. Au cinéma, on ne va pas forcément voir des enjeux, on va écouter des histoires. C’est peut-être ça qui fait que les gens ont peur de rebuter en se lançant dans des thématiques politiques.»

Le réalisateur de Monsieur Lazhar y saute pourtant à pieds joints en suivant les péripéties du député fédéral indépendant (Patrick Huard) d’un petit village fictif du nord du Québec qui se retrouve avec la balance du pouvoir alors que le Parlement doit décider si le Canada interviendra ou non dans un pays en guerre. Pour le conseiller, il peut compter sur Souverain (Irdens Exantus), son nouveau stagiaire haïtien.

«Nous examinons le processus démocratique avec les yeux d’un étranger pour qui la démocratie veut encore dire quelque chose, raconte le metteur en scène. Nous, nous tenons ça pour acquis, nous sommes nés dedans. Tant que nous ne l’aurons pas perdue, nous n’aurons aucune idée à quel point c’est précieux.»

«Le film est pessimiste politiquement, mais il est optimiste humainement.» – Philippe Falardeau

La plupart de ses films étant plutôt ludiques et humoristiques (Congorama, La moitié gauche du frigo), c’est la première fois que Philippe Falardeau doit composer une vraie comédie. Aidé par Vincent Lannoo (Au nom du fils) et par Stéphane Lafleur, il propose une satire qui évoque le cinéma de Nanni Moretti (surtout Aprile), mordante sans être aussi absurde et caustique que ses équivalents britanniques (comme In the Loop).

«Guibord, ce n’est pas une caricature, précise son créateur. À partir du moment où je ne veux pas qu’on se foute du personnage principal, je dois faire attention au degré d’extravagance que je mets en scène. Il faut que je sache jusqu’où je peux pousser l’humour.»

Le cinéaste devrait maintenant se tourner vers le drame, lui qui envisage de tourner un film en anglais avec Liev Schreiber et Naomi Watts, au sujet du boxeur qui a inspiré le Rocky interprété par Sylvester Stallone.

Du bon bord
Se réinventer, c’est possible. Parlez-en à Patrick Huard qui trouve dans Guibord s’en va-t-en guerre son personnage cinématographique le plus substantiel jusqu’à présent. De quoi rayer de nos souvenirs un certain Ego Trip. «Ça me touche et ça me flatte que certains cinéastes voient quelque chose d’intéressant en moi, qu’ils veuillent m’amener à faire autre chose, confie l’acteur. Ça m’intéresse de travailler avec des gars qui ont une vision, comme Falardeau, Dolan ou Forcier, avec qui je devais tourner cet été avant de me blesser… Peut-être que je n’étais pas prêt avant. Nous, les humoristes, nous sommes toujours en plein contrôle. C’est peut-être pour ça qu’il m’a fallu plus de temps avant de vraiment m’abandonner à des visions de réalisateurs, à des personnages.»

À quand un rôle dans un film de Bernard Émond ou de Denis Côté?

https://www.youtube.com/watch?v=TYaXGOgDA6k
Guibord s’en va-t-en guerre
À l’affiche le 2 octobre

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