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Festival de Cannes: Lamb fait l’histoire

Photo: Collaboration spéciale

«L’Éthiopie est à Cannes!» a lancé mercredi après-midi Thierry Frémaux, délégué général du festival. Dans la salle, la frénésie était palpable. Et explicable. Car c’est la première fois cette année qu’un film de ce pays est présenté en sélection officielle. Non seulement ça, mais le film auquel revient cet honneur, à savoir Lamb, se trouve aussi à être le premier long métrage à vie du trentenaire Yared Zeleke.

Entouré de son équipe, dont le magnifique jeune acteur Rediat Amare qui, pour l’occasion, portait un petit costard assorti de jolies sandales en cuir blanc, le réalisateur et scénariste a pris le micro pour dire quelques mots avant le début de la projection, les yeux brillants, le sourire franc, l’air timide. «Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont accompagné dans ce voyage. Dans cette épreuve. C’est un rêve qui devient réalité, a dit le natif d’Addis Abeba en trébuchant sur ses phrases. Excusez-moi, je suis très nerveux!»

On le comprend… mais il n’avait pas à l’être. Sitôt que les premières images de son œuvre ont commencé à défiler, on a senti que quelque chose de magique était en train de se produire.

Au cœur de ce film de peu de mots, on retrouve Ephraïm, 11 ans. Sa maman est morte durant la famine. Son père ne peut plus prendre soin de lui. Il l’envoie donc rester chez son oncle, qui veut faire de lui un homme. Mais Ephraïm n’est pas robuste. Il «court comme un lapin» dans ses bottes de pluie jaunes qui font cloc-cloc, il aime cuisiner alors qu’il n’est «pas une fille» et surtout, il ne se sépare jamais de sa meilleure amie au monde, la seule qu’il ait : sa brebis Churi.

«Unies, des araignées peuvent ligoter un lion.» – Conseil donné par le personnage de la grand-tante au jeune Ephraïm

Tout en illustrant cette période critique qu’est le passage de l’enfance à l’âge adulte, Lamb parle aussi, subtilement, de la situation du pays où il a été tourné, de «tous ces Éthiopiens qui n’ont pas les moyens d’acheter les aliments qu’ils produisent», de la pression de la tradition, de la pauvreté. Avec ses paysages somptueux, ses scènes de danse, ses gros plans sur cette nourriture si rare, mais traitée avec respect et préparée avec amour (samoussa, injera…), l’œuvre célèbre également la culture du réalisateur et la nature de son pays. Sa spécificité.

Couleurs chaudes, musique douce, jeu d’acteur d’un naturel désarmant… tout fait de Lamb un modèle de justesse et d’émotion. Non, Yared Zeleke n’avait pas à être nerveux. Plutôt fier. L’Éthiopie aura peut-être attendu longtemps une «consécration cannoise». Mais hier, elle a fait une entrée remarquée. Dans l’histoire du cinéma.

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