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Union Montréal: le coffre-fort ne fermait plus

MONTRÉAL – Un ex-organisateur du parti Union Montréal, Martin Dumont, a affirmé qu’il n’avait jamais vu autant d’argent de sa vie, le jour où le directeur du financement du parti, Bernard Trépanier, lui a demandé son aide pour tenter de fermer le coffre-fort qu’il n’arrivait plus à fermer tout seul, en 2004.

«Je me souviens des couleurs que j’ai vues: rouge, brun, rose», s’est exclamé le témoin, devant la Commission Charbonneau, lundi. «Ça m’a pas mal ébranlé.»

M. Dumont a relaté que ce soir-là, il a vu dans le coffre-fort situé dans la permanence du parti plein de billets de 50 $, 100 $ et 1000 $, au point où Bernard Trépanier n’arrivait plus à fermer tout seul le coffre-fort de deux pieds de hauteur par deux pieds de largeur.

M. Trépanier a retiré quelques liasses et les deux hommes sont parvenus, à deux, à fermer la porte du coffre-fort.

À la blague, il lui a dit de s’en procurer un plus grand. Deux semaines plus tard, le responsable du financement de l’Union des citoyens de l’île de Montréal _devenue Union Montréal _ s’en était procuré un de quatre pieds par quatre pieds, a-t-il relaté.

M. Dumont, qui ne devait pas s’occuper de financement, vu son poste d’organisateur, était néanmoins appelé en renfort pour d’autres tâches à l’occasion.

Au printemps 2004, lors de la période d’élaboration des registres des camps du oui et du non, avant les référendums sur les défusions municipales, il a ainsi pu voir un groupe de 14 entrepreneurs en construction ou représentants de firmes de génie-conseil rencontrer le maire de Montréal Gérald Tremblay, chef du parti, et le président du comité exécutif d’alors, Frank Zampino.

Chacun avait payé 10 000 $ pour un petit-déjeuner. Et cela était légal, lui a-t-on signifié, bien que les chèques étaient au nom des entreprises et que les montants étaient considérables.

Le jour du petit-déjeuner au Club St-Denis, il a vu 14 entrepreneurs ou représentants des firmes de génie-conseil. Les enveloppes contenant chacune un chèque de 10 000 $ étaient identifiées au nom des entreprises et étaient libellées au nom du parti.

Le seul nom d’entrepreneur dont il se souvient est Niccolo Milioto, qui lui a dit «appelle-moi Monsieur Trottoirs», parce qu’il n’arrivait pas à prononcer correctement son nom de famille.

Deux jours plus tard, il s’est rendu chez Garnier Construction, à Saint-Laurent, pour prendre à la réception le chèque d’un quinzième entrepreneur, qui n’avait pu se rendre au petit-déjeuner, mais avait tout de même fait sa contribution.

Il a partiellement entendu les échanges entre les entrepreneurs et le maire Tremblay, lors du petit-déjeuner sous forme de buffet. Le maire remerciait les gens présents de se soucier de l’avenir de Montréal et de croire, comme lui, que les défusions étaient «une mauvaise chose» pour Montréal.

Les entrepreneurs ont dit apprécier grandement la collaboration de l’équipe de Gérald Tremblay et aimaient particulièrement le président du comité exécutif, Frank Zampino, avec qui il était «toujours facile d’entrer en contact», a rapporté M. Dumont. Ils parlaient aussi de «synergie».

Mais les entrepreneurs ont aussi fait part des «doléances» qu’ils ont formulées, dans le passé, concernant «le partage de la job». M. Dumont n’a pas sourcillé en entendant parler de partage du travail ou de contrats entre les entrepreneurs. «Je n’ai pas compris que quelque chose clochait», a-t-il répondu au commissaire Renaud Lachance qui l’a interrogé à ce sujet.

Et quand les entrepreneurs relataient leurs doléances, le maire Tremblay leur répondait: «parlez à Zampino, c’est lui qui s’en occupe».

M. Dumont se souvient également du tutoiement qui l’avait étonné pendant le petit-déjeuner. «C’était Gérald, c’était Frank.»

Son témoignage se poursuit mardi.

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