Anjou: GHL Transport face au deuil
Panneaux de signalisation fondus, chaussée noire, terre-plein abîmé et un épais nuage de fumée noire visible à des dizaines de kilomètres à la ronde; les images de l’accident ont marqué les mémoires des salariés de GHL Transport.
L’entreprise angevine a appris tardivement, le dimanche 20 juillet, que c’était l’un de ses chauffeurs qui avait péri sous les flammes.
La consternation a rapidement envahi l’entreprise.
« C’est une petite compagnie qui compte 56 employés; tout le monde se connaît, indique Rick Leckner, porte-parole pour le groupe TransForce, à qui appartient la société. C’est une situation vraiment difficile à vivre pour tout le monde. »
Un lieu « accidentogène »
Ce n’est pas la première fois qu’un camion se renverse à Charlemagne, à la jonction des autoroutes 40 et 640.
Au début du mois, un poids-lourd de 53 pieds transportant des déchets a basculé quelques mètres plus bas. Le camionneur s’en est sorti avec des blessures légères.
Il faut dire que la courbe est y très prononcée. D’ailleurs, un panneau montrant le pictogramme d’un camion qui verse sur le côté est apposé pour avertir les chauffeurs.
« Le secteur est bien connu pour être accidentogène. Ça fait longtemps que le ministère des Transports le sait, juge Daniel Beaulieu, camionneur depuis 25 ans et conducteur de camion-citerne depuis quatre ans. Je passais souvent sur ce territoire-là. On ne sait pas encore ce qui s’est passé, mais je suis certain que la vitesse n’est pas en cause. De toute façon, il n’a pas manqué sa courbe, ça s’est passé après. Il a peut-être eu une perte de contrôle en raison du retour de vague de son chargement. »
Une aide psychologique
Au lendemain de l’accident, un accompagnement psychologique a été mis en place chez GHL Transport. « Ce sont des spécialistes en traumatisme. Ils sont là pour ceux qui en sentiraient le besoin, explique M. Leckner. D’ailleurs les employés qui ne se sentaient pas capables de travailler ont été invités à retourner chez eux. » Les chauffeurs ont tout de même repris la route, malgré l’accident de leur collègue. « C’est une démarche très positive de la part d’un gestionnaire de demander à un psychologue d’intervenir immédiatement et d’être présent auprès des salariés, souligne Ghaist Touma, psychologue dans le quartier de Mercier et spécialiste en intervention de crise au travail. Si la situation est mal réglée, cela va ressurgir et envenimer des conflits. Or, si le travail de deuil est bien fait, on évoquera toujours ce décès, mais plutôt comme un fait dans l’histoire de l’entreprise. »
Une intimité préservée
Le chauffeur, employé à Anjou depuis 2011, avait 50 ans. La famille ne souhaite pas divulguer son identité ni aucun détail le concernant.
« Son dossier dans l’entreprise n’avait aucune appréciation négative. Il venait juste de quitter Anjou pour sa première livraison de la journée, avec 45 000 litres de carburant dans le camion », indique M. Leckner, qui ajoute « que la compagnie veut maintenant mettre ce drame derrière elle. »
Au moment de mettre sous presse, la Sûreté du Québec n’était pas en mesure d’identifier de manière certaine et formelle le corps et attendait les résultats d’analyses plus poussées.
L’enquête qui doit déterminer les causes de l’accident était toujours en cours, mais l’ampleur de l’explosion complique la tâche des policiers.
(En collaboration avec Geneviève Geoffroy, journaliste TC Media)
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