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Histoire et mémoire khmères

École de danse cambodgienne Khemara à Saint-Laurent. Photo: Isabelle Bergeron/TC Media


Le devoir de mémoire du centre d’histoire et de civilisation khmères va bien au-delà de la culture du Cambodge. L’organisme Khemara, qui vient de fêter ses cinq ans, organise une soirée samedi au Collège Vanier, à Saint-Laurent, où seront réunies sur une même scène musiques et danses cambodgiennes, rwandaises, arméniennes et iraniennes.

L’équipe du Centre Khemara souhaite une société la plus harmonieuse possible, alors que l’héritage des crimes du régime khmer rouge, commis de 1975 à 1979, pèse sur les victimes. Elle travaille donc main dans la main avec d’autres communautés qui ont elles aussi subi des génocides.

«Il faut une globalisation des civilisations, pas un choc, mais une rencontre. Cela passe par la connaissance de l’autre», précise la présidente, Nolsina Yim.

En quatre ans, les crimes du régime de Pol Pot avaient fait 1,7 million de morts, soit plus de 20 % de la population de ce pays francophone. De nombreux Cambodgiens contraints à l’exil ont trouvé refuge au Québec. Ils y sont aujourd’hui plus de 10 000, dont la grande majorité vit à Montréal, notamment à Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et Saint-Laurent.

«Notre histoire est inscrite dans celle de Montréal et du Québec. Avec la hausse de la haine et de l’intolérance que l’on voit, nous voulons la transmettre et aller à la rencontre de la société d’accueil», ajoute Mme Yim.

Avec l’aide de la ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, la communauté a obtenu l’été dernier que le 19 septembre soit le jour commémoratif des crimes contre l’humanité commis au Cambodge. «C’est une preuve que le Québec est une société inclusive», confirme Mme Yim.

Témoignages
Le Centre Khemara est né à la suite du projet Histoires de vie Montréal de l’Université Concordia auquel la Communauté angkorienne du Canada, qui existe depuis 1996, a participé.

Plus de 60 témoignages ont été recueillis dans le cadre de ce projet sur l’histoire orale, qui étudie l’expérience et le souvenir de violences de masse et de déplacements.

«Nous aimerions avoir un centre de documentation pour tous ces témoignages et ceux des personnes qui sont aujourd’hui prêtes à le donner, mais sont sur liste d’attente, faute de moyens», explique la vice-présidente, Geneviève Channarét Srey.

Elle constate que de plus en plus de Cambodgiens veulent se réapproprier leur histoire, notamment les plus jeunes, qui n’ont pas connu leur pays d’origine ou sont nés dans des camps de réfugiés en Thaïlande.

Pour cela, le Centre Khemara offre des cours hebdomadaires de danse et de langue khmères au YMCA de Saint-Laurent. Tous âges et origines s’y mêlent, entre Cambodgiens, Québécois issus de couples mixtes ou simplement passionnés par la culture de ce pays d’Asie du Sud-Est.

«Nous aimerions également proposer des ateliers de cuisine, des projections ainsi que des partenariats entre le Canada et le Cambodge, avec des échanges étudiants par exemple», note Mme Yim. Malgré l’intérêt, les ressources humaines et financières manquent.

En plus d’organiser le festival cambodgien aux Week-ends du monde au parc Jean-Drapeau, le Centre Khemara proposera deux heures de spectacle lors de l’événement «La Culture sans Frontières: du Cambodge, d’ici et d’ailleurs», le 25 mars, à 19h30, à l’auditorium du Cégep Vanier (865, avenue Sainte-Croix).

Informations: www.khemara.org et 514 400-5432.

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