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ONU: Ottawa et Washington aux antipodes

WASHINGTON, DC - FEBRUARY 13: (AFP OUT) U.S. President Donald Trump (R) extends his hand to Prime Minister Justin Trudeau of Canada during a meeting in the Oval Office at the White House on February 13, 2017 in Washington, D.C. This is the first time the two leaders are meeting at the White House. (Photo by Kevin Dietsch-Pool/Getty Images) Photo: Kevin Dietsch-Pool/Getty Images
Joanna Smith, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau et le président américain Donald Trump ont uni leurs voix, le mois dernier, pour encourager les femmes à prendre plus de place dans le marché du travail, mais le contraste entre leurs gouvernements sur les autres enjeux féminins apparaît maintenant au grand jour aux Nations unies.

Le gouvernement libéral a envoyé une équipe imposante à New York pour participer à une réunion annuelle de la Commission de la condition de la femme des Nations unies et y faire la promotion des programmes canadiens, dont l’investissement de 650 millions $ sur trois ans pour des projets liés à la santé sexuelle et reproductive.

De son côté, le département d’État américain en a fait sourciller plusieurs cette semaine lorsqu’il a annoncé qu’il invitait deux représentantes de groupes conservateurs qui sont notamment opposés à l’avortement ou fermés à la diversité sexuelle. Il s’agit de Lisa Correnti, vice-présidente générale du Center for Family and Human Rights et de Grace Melton, de l’Heritage Foundation.

«Nous sommes allées au-delà de la spéculation quant à la position de l’administration Trump sur le droit des femmes à l’international», a souligné Jessica Stern, directrice générale de l’OutRight Action International, un organisme de défense des LGBTQ basé à New York.

Mme Stern a reconnu l’ampleur de la délégation canadienne — qui inclut des ministres fédéraux et provinciaux, des parlementaires et des organisations non gouvernementales — ainsi que les priorités féministes claires qu’elle a amenées à la table de discussions.

«Je crois que les Américaines sont probablement un peu plus nerveuses que les Canadiennes en ce moment», a-t-elle déclaré.

L’organisme de Lisa Correnti s’oppose à l’avortement, ainsi qu’à l’inclusion de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre dans les politiques et les lois.

Il a aussi dénoncé la démarche de plusieurs pays — dont le Canada — qui ont décidé d’augmenter les fonds humanitaires consacrés à la santé sexuelle et reproductive des femmes afin de pallier au manque laissé par l’administration Trump, qui a interdit le versement de fonds à des organisations qui effectuent ou qui parlent d’avortement.

La Southern Poverty Law Center inclut aussi l’organisation dans sa liste de groupes haineux pour ses idées anti-LGBTQ.

L’Heritage Foundation, un groupe de réflexion conservateur, a pour sa part déjà dit que toute loi antidiscriminatoire visant à protéger la communauté LGBTQ devrait aussi protéger ceux qui ne croient pas aux identités transgenres ou aux mariages de conjoints de même sexe.

Mme Melton a souvent critiqué l’implication de «féministes radicales» dans la Commission de la condition de la femme des Nations unies.

Aucun des groupes n’a répondu à une demande d’entrevue de La Presse canadienne.

Les organisations faisant la promotion des droits des femmes et de la communauté LGBTQ étaient furieuses.

«Je crois que c’est un peu une claque au visage pour tout ce processus», a déploré Helen Kennedy, de l’organisme de défense des LGBTQ Egale Canada.

Alex Wellstead, porte-parole de la ministre fédérale de la Condition féminine, Maryam Monsef, qui a dirigé cette semaine la délégation canadienne à New York, a rappelé que le gouvernement libéral n’avait aucun contrôle sur le choix des délégués des autres pays.

Il a toutefois souligné que Mme Monsef était là-bas pour faire de l’égalité entre les sexes une priorité «en incluant tous les groupes vulnérables».

La ministre albertaine de la Condition féminine, Stephanie McLean, a affirmé dans un courriel que la nouvelle avait souligné l’importance pour elle de participer à la rencontre.

«Il continue d’avoir des groupes, en Alberta et à l’étranger, qui ne partagent pas nos valeurs sur l’égalité des femmes. Mais c’est précisément pourquoi j’ai participé à la Commission de la condition de la femme des Nations unies — pour représenter la majorité des Albertains qui croient que lorsque les femmes sont vraiment autonomes, nos familles et nos communautés y gagnent», a-t-elle soutenu.

La 61e session annuelle de la Commission de la condition de la femme des Nations unies se tient du 13 au 24 mars sous le thème: «L’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution».

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