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Le dernier-né de l’Afrique s’époumone

Photo: Sam Mednick/Associated Press

We are the world, chantait-on à la fin du siècle dernier pour une Afrique éreintée par un lourd passé colonial. Aujourd’hui, les caméras sont braquées sur le Moyen-Orient, laissant le berceau de l’humanité dans l’angle mort de l’attention médiatique internationale.

Des pays comme le Soudan du Sud, dont l’ONU réaffirme continuellement le besoin criant d’aide humanitaire, font rarement les manchettes outre-Atlantique. Guerre civile, famine, déplacements de population; c’est pourtant un portrait alarmant qui est dressé du dernier-né de l’Afrique, indépendant depuis tout juste 2011. Mais que s’y passe-t-il au juste?

Le Soudan «uni» d’avant 2011
Quand l’Égypte et le Royaume-Uni font leurs bagages dans les années 1950, ils laissent derrière eux un Soudan fragmenté par des conflits politiques, économiques, religieux et ethniques – le Soudan compte une soixantaine de communautés distinctes.

Le nord est arabe et musulman. Le sud, noir et chrétien, rappelle le lourd passé esclavagiste du Soudan. Le pouvoir, centralisé à Khartoum, au nord, est accusé de marginaliser les périphéries.

La chute
La promesse à Khartoum d’un gouvernement fédéral unificateur n’est pas tenue. Sur fond de corruption généralisée, une guerre civile qui durera 17 ans se déclenche. Un nord puissant et modernisé s’oppose à un sud négligé et affaibli par ses conflits intestins. Le plus grand pays d’Afrique s’essouffle.

La découverte de pétrole au sud vers 1980 alimente les différends et fait monter le ton. Le Soudan crie famine pendant qu’on se dispute son or noir. En 1989, Omar el-Béchir prend le pouvoir par un coup d’État. (Il y demeure aujourd’hui encore, malgré les accusations, par le Tribunal pénal international, de génocide et de crimes de guerre et contre l’humanité dans la région du Darfour.)

Le temps d’une paix
Au sud, en dépit des tensions intercommunautaires, les voix s’unissent pour se faire entendre à Khartoum. En 2005, un accord de paix nord-sud est enfin signé. Six ans plus tard, un référendum est tenu et la population du sud vote à plus de 98% pour son indépendance.

Salva Kiir, de la communauté dinka, est élu président du 55e pays d’Afrique avec 93% des voix. Il nomme Riek Machar, de la communauté Nuer, à la vice-présidence, et dirige le pays avec une poigne autocratique et militaire. Enfin!, souffle-t-on partout dans le monde, le Soudan du Sud est libre… ou presque.

La chute, bis
En 2013, Kiir limoge Machar après que ce dernier eut exprimé sa volonté de se présenter contre lui. Le vice-président déchu est soupçonné de préparer un coup d’État. Le climat de tension est tel que du jour au lendemain, la querelle entre Kiir et Machar prend les proportions d’une guerre civile entre communautés dinka et nuer.

Les relations avec le nord sont par ailleurs toujours tendues. Le Soudan et le Soudan du Sud ne s’entendent pas sur les coûts d’utilisation des oléoducs qui transportent le pétrole hors du sud.

L’ONU sonne l’alarme
En quelques années, le Soudan du Sud a contracté une dette de plus de 5 G$US, mais le manque demeure criant au sein de la population et au niveau des infrastructures.
Les Nations unies rapportent que 100 000 Sud-Soudanais meurent présentement de faim. Par millions, ils quittent leurs terres pour trouver refuge, mais, incapables de subvenir à leurs besoins, ils sont piégés par la misère.

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