Cruising Web

La Saint-Valentin est terminée. Le lendemain, nombre de célibataires ont dû se dire : «OK. L’année prochaine, je serai matché!» La cruise est à on. Mais la cruise a changé. Vous vous souvenez de Cruising Bar? Cruising Bar, les jeunes, c’est une vieille comédie avec Michel Côté… Michel Côté, c’est le gars qui jouait le père de Louis-José Houde dans De père en flic. Dans Cruising Bar, disais-je donc, Michel Côté jouait quatre personnages différents qui sortent un soir cruiser dans les bars. Le titre était assez bien choisi merci. Y a des titres comme ça qui parlent d’eux-mêmes, comme Titanic et Touche-moi la @$*&@.

L’équivalent, en 2013, serait un film joué par Marc-André Grondin, Cruising Web. Il jouerait quatre personnages qui cruisent de chez eux sur l’internet. Un sur Facebook, un sur Réseau Contact, un sur un site de rencontre plus olé olé, puis un autre perdu sur MSN.

Ce film serait une horreur! Mais ça aurait du sens. Je sais que la mode, les mœurs, les valeurs, les coutumes, c’est cyclique. Je ne pense pas qu’en Occident la cruise en personne, la chasse en chair, en os et en tequila, va disparaître à jamais. Mais pour l’instant, il y a vraiment un creux.

Les proprios de bars doivent le sentir.

C’est pratique de cruiser sur le web. Ça ne coûte pas cher, ça se fait en pyjama et, surtout, on est beaucoup plus courageux qu’en personne. Il y a des choses qu’on se communique en tapant sur des touches qu’on ne se dirait pas dans le creux de l’oreille dans un bar entre deux tounes de Lady Gaga. Certaines filles ne diraient JAMAIS des cochonneries en vrai dans un bar, mais sur le web, ça sort. Les cornes sortent, la démone se lâche, et les insinuations se font nombreuses et sans retenue.

Je pense que c’est à cause de l’émoticône de clin d’œil. Ouais, tout passe avec un clin d’œil. Une émoticône après une phrase cochonne sur Facebook, c’est vraiment plus taquin et moins con que quelqu’un qui te fait un gros clin d’œil live aux deux phrases.

Y a plein de talent et d’expérience qui vont se perdre. Je me sens comme un ancien, un vieux d’une tribu qui a chassé le zèbre à la lance, qui voit les plus jeunes capturer des zèbres de leur salon en tapant sur un clavier. En passant, le vieux a suivi la vague et a posé sa lance quand la cruise a déménagé sur le web. Tsé, yé pas plus fou qu’un autre, le gars. Mais je pourrai dire à mes p’tits enfants : «Moi, j’ai connu ça, aller vers une parfaite inconnue, lui adresser la parole sans rien savoir sur elle. Rien! Et je ne pouvais pas aller voir son profil Facebook par la suite! Le néant total! Ça commençait par une odeur, un parfum; après, un prénom, une profession. Le reste, ça venait comme ça venait. On apprenait à se connaître au compte goûte, pas à chaudière dans face.»

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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