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Si les ministres pédalaient

Photo: Chantal Levesque/Métro

Un des arguments qu’on met souvent de l’avant, pour faire valoir le bien-fondé de la parité en politique, est que pour représenter adéquatement une population composée à 50 % de femmes, s’il devrait y avoir une proportion au moins paritaire de femmes qui proposent et votent les lois. Évidemment, il est possible d’être sensible à la cause féministe sans être une femme, il est certainement possible de réfléchir à la sécurité des cyclistes sans pédaler.

Mais, par curiosité, je me demande quelle proportion de la législature enfile régulièrement sa bécane.Combien de fois l’ancien ministre des Transports Jacques Daoust avait-il emprunté la piste cyclable Rachel avant de décider que, finalement, implanter une réforme visant à protéger les cyclistes, ce n’était pas si important que ça? Son successeur, Laurent Lessard, avait-il dévalé la Saint-Urbain sur deux roues pour se rendre à sa rencontre avec le maire Denis Coderre, avant de conclure que la sécurité des cyclistes relevait d’abord d’eux-mêmes? Qui est le dernier ministre libéral à avoir réparé une crevaison sur son Marinoni, en bordure de la 138? Y en a-t-il un, parmi les membres du caucus, qui dépose ses enfants à la garderie en vélo lorsque la température le permet, comme de nombreux parents québécois? À quand l’implantation de vélos en libre-service aux portes de l’Assemblée nationale?

Le problème revient cycliquement; l’été dernier aussi, la sécurité des cyclistes était d’actualité. Le ministre des Transports de l’époque, Robert Poëti, avait alors commis un lapsus qui laissait présupposer qu’il était plutôt de type Berline que de type Bixi. «Si vous êtes un cycliste, vous n’avez pas de raison de passer sur une lumière rouge. Mais le citoyen aussi, il faut qu’il vous respecte. Le piéton également», expliquait-il en entrevue, amalgamant l’automobiliste au citoyen, et expulsant de facto les cyclistes et piétons de cette catégorie.

En fait, en matière de sécurité routière, les ministres pédalent souvent. Malheureusement, c’est rarement à vélo. Est-il étonnant, dès lors, que certains d’entre eux considèrent – consciemment ou non – les cyclistes comme des citoyens de seconde zone?

Il y a peu de métaphores qui illustrent mieux le rapport de domination que la relation cycliste/automobiliste. On aura beau arguer – comme on le fait dans à peu près toutes les discussions sur la sécurité des cyclistes – que certains cyclistes sont aussi des crétins, il n’y a rien comme passer quelques jours sur sa monture dans le trafic pour saisir le degré de vulnérabilité auquel s’exposent quotidiennement ceux qui décident de se déplacer à vélo, que ce soit pour des raisons économiques, sanitaires
ou écologiques.

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