Martelly joue avec le feu en dégoupillant la grenade Aristide

L’ancien président Jean-Bertrand Aristide et d’anciens dignitaires de son régime pourraient être convoqués prochainement par la justice haïtienne pour trafic de drogue et d’autres infractions graves. Une demande du parquet de Port-au-Prince a déjà été transmise au cabinet d’instruction pour les suites nécessaires.

Un des avocats de l’ancien chef d’État, Me Newton St. Juste, qui a confirmé la nouvelle, a précisé que son client est aussi poursuivi pour soustraction de fonds publics, forfaiture et concussion. Il croit qu’il s’agit d’une attaque politique du pouvoir en place.

Cette démarche de la justice est bel et bien interprétée par une bonne partie de l’opinion publique comme une attaque frontale de Michel Martelly contre Jean-Bertrand Aristide, malgré la sortie du ministre de la Justice affirmant l’indépendance du système.

Depuis son retour d’exil au printemps de l’année dernière, Jean-Bertrand Aristide fait le mort, refusant même de se présenter à une manifestation organisée par ses partisans pour le vingtième anniversaire de sa première élection à la tête du pays. Mais son attitude ne rassure pas pour autant les milieux proches du pouvoir qui voient sa main manœuvrer en coulisse dans divers dossiers, dont celui de la prétendue double nationalité du président de la République.

Il n’est pas sûr que Martelly veuille aller jusqu’au bout de la démarche engagée, à savoir l’arrestation de l’ancien président. La solidité du dossier constitué est secrète comme le veut l’instruction, mais le risque politique que cela pourrait avoir est clair pour un pouvoir qui n’a pas les assises et la capacité de convocation dont disposait Jean-Bertrand Aristide.

Si le signal envoyé vise à rappeler à Aristide ses promesses de ne pas s’occuper de politique en quittant l’Afrique du Sud, c’est de bonne guerre. D’autant que cela pourrait détourner l’attention sur la question de la double nationalité du président et le conflit à l’intérieur de son administration qui a poussé le premier ministre Gary Conille à la démission.

Sinon ce serait dégoupiller la grenade Aristide et jouer avec le feu.

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