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Colocation étudiante: bon coup pour les propriétaires aussi

Alors que plusieurs étudiants s’apprêtent à changer d’adresse, certains d’entre eux opteront pour la colocation. Une option qui permet de réduire les coûts, mais qui est aussi très avantageuse pour les propriétaires.

«La première chose à laquelle les propriétaires vont penser, c’est le caractère plus festif des étudiants, mais la légère hésitation du propriétaire ne sera pas de longue durée, puisque ce sont en général des locataires qui respectent très bien leurs obligations», assure d’emblée le président de l’Association des propriétaires du Québec, Martin Messier.

Selon une étude réalisée pour le compte de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) auprès de plus de 6000 étudiants des Universités Concordia et McGill ainsi que de l’UQAM, et publiée le 18 juin dernier, près de 80% de la population étudiante vit à plusieurs dans un logement, dont 35% à trois personnes, et plus de 60% dans des grands logements (4 ½ et plus). «Si on compare les loyers payés par les étudiants au loyers moyens observés par la [Société canadienne d’hypothèques et de logement] SCHL, l’écart est de 40 à 80% plus cher selon les arrondissements, dit le coordonnateur principal d’UTILE Laurent Levesque. Cela prouve que la colocation a un effet sur le marché locatif. » Il précise que l’écart est moins grand dans les petits logements, ce qui démontre que ceux qui vivent en colocation paient plus cher. «On a un revenu par chambre, ce qui n’est pas le cas pour une famille», souligne M. Levesque.

Sans affirmer que les colocations font monter les prix, Martin Messier explique que le nombre de revenus réduit énormément le risque d’impayés, surtout avec des étudiants. «Dans bien des cas, les parents sont caution au bail, indique-t-il. Si j’ai quatre étudiants avec quatre parents qui cautionnent, mes chances d’impayés sont très faibles, car j’ai huit personnes responsables de la totalité du bail.» Depuis cette année, une nouvelle clause de solidarité est directement inscrite sur le formulaire de bail de la Régie du logement qui, une fois cochée, rend chaque colocataire responsable de l’entièreté du loyer. «Cela réduit la prise de risque pour nous, mais cela rend aussi les étudiants plus précautionneux dans la sélection des leurs colocataires», juge M. Messier.

Des quartiers en demande
L’étude publiée par UTILE démontre que les quartiers les plus prisés par les étudiants à Montréal (Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Le Plateau-Mont-Royal, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Rosemont–La Petite-Patrie, Ville-Marie, et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension), sont également ceux où le taux d’inoccupation des grands logements est le plus faible. «Ça crée une tension sur le marché [qui fait monter les prix], soutient M. Levesque. Dans les arrondissements centraux, le quart des grands logements sont occupés par des étudiants.»

Martin Messier indique que la proximité des services est un critère majeur de sélection du logement pour les étudiants, plus que chez les autres clientèles. «Si on prend le quartier près de l’Université McGill, les loyers sont plus élevés, mais ce n’est pas le cas partout, nuance-t-il. L’offre et la demande jouent leur rôle.»

Puisqu’il y a peu d’initiatives privées de construction de grands logements étudiants, UTILE souhaite en bâtir dans les arrondissements centraux afin de réduire la distorsion des prix causée par la forte demande. «On peut utiliser la capacité de payer des colocations étudiantes pour construire des logements neufs, mais qui seraient abordables selon leurs critères», croit Laurent Levesque.

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