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Des désordres alimentaires aussi graves que méconnus

Photo: Getty Images

Si l’anorexie et la boulimie sont des troubles connus, des formes plus récentes existent, mais demeurent dans l’ombre. Qu’il s’agisse de se livrer à des orgies de nourriture, d’être obsédé par la pureté des ingrédients ou de s’entraîner constamment pour être plus musclé, les désordres alimentaires ont de nombreux visages. Diagnostic de trois troubles qui se transforment en armes de destruction massive pour le corps et pour l’esprit.

  • Hyperphagie: s’empiffrer sans limite

Les crises d’hyperphagie boulimique correspondent à une courte période de temps durant laquelle une personne va engloutir des quantités énormes d’aliments. «La différence avec la boulimie, c’est que les hyperphagiques ne vont pas tenter de se faire vomir, de prendre des laxatifs ou des médicaments amaigrissants pour compenser», explique le Dr Howard Steiger, directeur du programme des troubles de l’alimentation de l’Institut Douglas. Lors d’une récente étude, l’équipe du Dr Steiger a découvert que près de 4% des Montréalaises âgées entre 20 et 40 ans souffrent d’hyperphagie, ainsi que près de 3% des hommes du même groupe d’âge. La majorité des hyperphagiques souffrent aussi d’embonpoint sévère.

«Comme tous les autres troubles alimentaires, cette maladie est liée à une grande détresse émotionnelle et psychologique», ajoute Josée Champagne, directrice générale d’Anorexie Boulimie Québec (ANEB). La personne souffrant d’hyperphagie doit composer à la fois avec un sentiment de honte et de perte de contrôle, et avec toutes les séquelles médicales de l’obésité, observe-t-elle. Depuis 2013, l’hyperphagie a été ajoutée comme un trouble alimentaire à part entière dans la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux.

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  • Othorexie: l’obsession de la pureté

Les personnes qui souffrent d’orthorexie deviennent gravement préoccupées par la qualité des aliments qu’elles ingèrent, indique le Dr Steiger. Ce dernier observe qu’il est difficile de saisir l’ampleur de ce désordre, puisque les gens touchés sont souvent en bonne santé physique. Ce n’est que lorsque leur santé mentale flanche qu’ils reconnaissent parfois le besoin d’aller consulter.

«Contrairement à une anorexique, l’orthorexique se soucie surtout de la qualité de ce qu’elle mange et non de la quantité, elle ne tient pas à perdre du poids», fait valoir Mme Champagne. Selon elle, ce type de comportement peut être valorisé par l’entourage, jusqu’à ce qu’on se rende compte que la personne est devenue maniaque du bien-manger (lit l’étiquette de chaque produit, calcule la teneur de chaque ingrédient, etc). Pour approfondir la compréhension de ce trouble, il est possible d’effectuer le test de Bratman sur l’internet, ajoute Mme Champagne.

  • Bigorexie: le culte excessif des muscles

Si peu d’hommes deviennent obsédés par la minceur, un plus grand nombre deviennent accro à l’entraînement. «On a depuis longtemps la théorie que la pratique excessive du sport chez les hommes est comparable à l’anorexie pour les femmes, ils se voient tous d’une façon déformée», observe le Dr Steiger. Les bigorexiques vont donc souvent consacrer plus de 10h par semaine à s’entraîner, prendre des stéroïdes ou d’autres produits visant à augmenter la masse en plus de se consacrer à un régime alimentaire très strict.

Bien que la bigorexie soit reconnue comme un trouble par l’Organisation mondiale de la santé, peu de personnes admettent souffrir de cette maladie, ajoute Mme Champagne. «C’est que les hommes sont les plus affectés par la bigorexie, et qu’ils ont peu tendance à demander de l’aide», déplore la présidente de l’ANEB. Si les experts établissent que 5% à 10% des troubles alimentaires sont vécus par des hommes, Mme Champagne croit plutôt que plus de 25% d’hommes sont touchés.

Semaine de sensibilisation
Du 2 au 8 février a lieu la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires, organisée par Anorexie Boulimie Québec, qui lance aussi sa campagne de financement.

  • Plusieurs activités et conférences sont au menu, dont le concert-bénéfice «Le cri du corps», le mercredi 5 février, au Métropolis.
  • Pour plus d’information, visitez le site d’Anorexie et boulimie Québec.

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