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Guillaume Lavoie: «Je n’improvise jamais»

Guillaume Lavoie, candidat à la chefferie de Projet Montréal Photo: Mario Beauregard/Métro

Depuis qu’il a été élu dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie en 2013, Guillaume Lavoie a exploré tous les services de la Ville, en plus de suivre des formations à l’étranger. Cet ancien observateur électoral, qui a parcouru le monde, voulait ainsi comprendre à fond le fonctionnement de la Ville de Montréal.

«Je ne crois pas que tu es capable de bien gérer ce que tu ne comprends pas», souligne le candidat à la chefferie de Projet Montréal. Ce dernier soutient ne jamais avoir autant appris que depuis qu’il est élu.

Guillaume Lavoie insiste pour dire qu’il «n’improvise jamais». «C’est une grande différence entre Denis Coderre et moi, mentionne-t-il. Quand j’annonce quelque chose, c’est réfléchi. Je sais exactement où je m’en vais.»

Métro l’a rencontré la semaine dernière au Café Lézard de la rue Masson, à quelques rues du restaurant Canada Hot-dog, où il aurait aussi bien aimé aller. «Ma femme va le savoir, confie-t-il, un peu penaud. Elle aime moins quand je tombe dans le fast-food.»

Dans la course à la chefferie de Projet Montréal, il y a eu tout un débat sur la droite et la gauche. Vous avez été associé davantage à la droite. Qu’en pensez-vous?
Il y a eu des attaques personnelles. On a décidé de faire une campagne positive du début jusqu’à la fin. C’est très difficile. Ça demande énormément d’abnégation. Ces attaques ne me dérangent pas parce qu’elles ne sont pas ancrées dans la vérité. J’ai choisi Projet Montréal trois fois dans ma vie: en 2005, comme électeur, en 2009, comme militant, et en 2013, comme candidat. Personne ne va me faire croire que je ne suis pas un vrai membre de Projet Montréal. Mon investissement dans Projet Montréal est total et sans partage depuis le jour un. Je pense que c’est réducteur au plan municipal de penser en terme gauche-droite. Une saillie de trottoir, ce n’est pas à gauche, ce n’est pas à droite, c’est au coin de la rue.

Le chef intérimaire, Luc Ferrandez, a dit de vous que vous faites «peur à Denis Coderre». Le pensez-vous aussi?
Je ne sais pas. Je suis probablement le plus déterminé à le remplacer. Je pense aussi être le mieux préparé et le mieux équipé pour ça. Le but de ma campagne, ce n’est pas de devenir chef de Projet Montréal ou de l’opposition officielle. Ce sont des étapes en vue de gouverner la Ville pour mettre en place le programme de Projet Montréal. Toute ma campagne s’inscrit dans cette logique. Je me suis lancé en politique municipale et à la course à la chefferie parce que j’éprouvais une profonde insatisfaction à voir du potentiel gaspillé. On perd énormément d’occasions en transport, en mobilité, en habitation sociale, en mitigation des changements climatiques, en création de milieux de vie et en développement commercial. On perd énormément d’occasions parce que Coderre gouverne comme un maire des années 1950.

Année après année, la congestion automobile s’intensifie. Selon vous, par où faut-il commencer pour améliorer les déplacements à Montréal?
Tout ce qui améliore la mobilité fait partie de la solution. Plus de métro, plus d’autobus, plus de BIXI, plus de véhicules en libre-service et plus d’options de transport alternatif. On va arrêter de considérer le covoiturage commercial comme un ennemi de la mobilité. C’est une solution à la mobilité. Mon grand drame, ce n’est pas qu’il y ait Uber, c’est qu’il n’y ait que Uber. Je veux de la concurrence. Je ne donnerais jamais le monopole à une compagnie.

Êtes-vous en faveur de la construction d’une ligne de métro diagonale, comme le propose votre adversaire, Valérie Plante?
Tout le monde est pour. Est-ce que quelqu’un sur la Terre serait contre le fait d’ajouter du métro? Non. Mais tout le monde va réaliser qu’il n’y aura pas de ligne diagonale demain matin. La congestion, c’est aujourd’hui.

Vous voulez aussi accélérer le rythme pour sécuriser les intersections et les rues de Montréal et imposer le respect des usagers de la route les plus vulnérables. Comment allez-vous vous y prendre?
C’est une obligation morale envers les plus vulnérables. Vivre en ville, ça veut dire vivre plus proche les uns des autres. Tu ne peux pas vivre comme si les autres n’étaient pas proches de toi. Renforcer les règlements et faire de l’éducation, c’est la réponse classique de Coderre. Moi, c’est l’aménagement. Le dernier vélo blanc [installé à la suite du décès accidentel d’une cycliste en août dernier], il est à l’angle de la rue Iberville et du boulevard Rosemont. C’est encore la même maudite intersection que c’était quand l’accident est arrivé. Je considère que c’est un cas de négligence. Si jamais – Dieu nous en préserve – il arrivait un autre accident avec blessé grave et mort, il va y avoir une intervention immédiate avec une enquête [si je suis maire]. Plein de trucs peuvent être faits rapidement: augmenter le temps de traverse ou empêcher un virage. Des marges de manœuvre, il y en a. Ce qui manque, ce sont des priorités.

Vous avez suggéré la création d’un permis de location et d’une taxe spéciale pour lutter contre les logements insalubres. Comment cela fonctionnerait-t-il?
Plus un logement est insalubre, moins il vaut cher. Qu’est-ce que fait la Ville? Elle baisse les taxes municipales. C’est d’autant plus payant que le loyer n’est pas établi en fonction des taxes municipales. Je veux créer un permis de location. Pour faire simple, tout le monde va l’avoir au départ. S’il y a une plainte, tu perds ton permis. Tu ne pourras plus louer ton logement insalubre. On va casser la logique économique de l’insalubrité. Après cela, on va créer une taxe spéciale pour les édifices insalubres. Je n’accepterai pas qu’un édifice avec des logements insalubres soit un modèle d’affaires payant.

Êtes-vous favorable à ce que l’organisation de la Ville de Montréal (le nombre d’élus et le nombre d’arrondissements) soit révisée?
Je ne fais pas de religion là-dessus. À New York, il y a cinq arrondissements. C’est une ville très centralisée avec 51 élus. À Londres, il y a 32 arrondissements. C’est une ville hyper-décentralisée. Près de 95% des rues sont locales. Et il y a 1887 élus. Il n’y a pas de meilleur système. Il y a le système qu’on veut. Ça n’existe pas l’adéquation entre le nombre d’élus et la performance. Ça n’existe pas l’adéquation entre le nombre d’arrondissements et la performance. Alors on ne peut pas être guidé parce cela. On va être guidé par ce qui est le plus efficace.

Pour vous, quel est le partage des pouvoirs optimal entre la ville-centre et les arrondissements?
Je suis de ceux qui pensent que certains pouvoirs doivent absolument être centralisés et certains pouvoirs doivent absolument être en arrondissement. Ce qu’on voit de sa fenêtre, c’est mieux si c’est en arrondissement. C’est ce qui est le plus efficace, le plus performant et le moins cher. Je pense aussi que d’avoir des expériences différentes d’un arrondissement à l’autre crée plus d’innovations dans les villes. Les expériences qui n’auront pas fonctionné, personne ne va les copier, et les bonnes expériences qui auront fonctionné, elles seront copiées par les autres. Par exemple, pour la vitesse dans les rues, Outremont a montré la voie. Tout le monde est en train de l’adopter. Les saillies de trottoir, c’est le Plateau–Mont-Royal qui a commencé cela. Mettre des jupettes sur les camions, c’est Saint-Laurent qui y a pensé.

Questions en rafales

  • Le meilleur projet mis de l’avant par Denis Coderre? L’inspecteur général.
  • La pire gaffe de Denis Coderre? L’improvisation dans les dossiers du Flushgate [le déversement de 4,9 milliards de litres d’eau dans le fleuve Saint-Laurent à l’automne 2015], des pitbulls et des contrats aux amis.
  • Le meilleur coup de Projet Montréal? Avoir démontré que le domaine public peut être beau, sécuritaire et invitant.
  • La pire gaffe de Projet Montréal? Ne pas s’être préoccupé de la perception qu’ont les gens de nos idées. La perception, c’est la réalité.
  • L’ancien maire de Montréal le plus inspirant? Jean Doré et Aldis Bernard. Doré pour l’ouverture de l’administration aux citoyens. Bernard pour de réels legs à la population.

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