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La guignolée des Phil Roy

Photo: Mario Beauregard/Métro

À lire aussi: Phil Roy, rédacteur en chef invité de Métro

Je suis un gars (surprise?) qui essaie d’être meilleur, jour après jour. J’ai un lot de défauts, et mes qualités. Une de celles-ci est d’être franc avec moi-même. Je suis donc conscient que, moi, je ne peux faire deux choses en même temps (j’entends déjà ma tante dire: «C’est ça, t’es un gars! Hihaha!»)

Je nous replonge en 2009. Je suis étudiant à l’École nationale de l’humour. Je m’efforce d’être un élève assidu (après m’être fait mettre dehors du Cégep du Vieux-Montréal, j’avais des croûtes à manger, mettons!). J’assiste à tous mes cours, je fais mes devoirs, et je réussis plutôt bien. J’y arrive parce que je ne travaille pas en dehors des heures d’école. Je vous le dis, n’importe quelle job aurait scrappé mon focus.

Donc, pas de job, pas d’argent; pas d’argent, pas de luxe. Pas de luxe = pas de bouffe. Dans ce temps-là, j’habitais avec Snail Kid, des Dead Obies. À nous deux, on avait juste assez d’argent pour se nourrir de crêpes et de biscuits au gruau.

Mes camarades de classe se rendent compte de mes problèmes financiers. Quand t’invites tes amis chez vous, pis qu’ils te disent: «Hey non, on va aller là où y a du chauffage», t’as un signe ici, mettons!

Ce qui fait que, le 9 janvier 2010, au retour des Fêtes, je reçois un bac plein de trucs. Du shampoing, du savon, des serviettes à mains, des barres tendres, des cannes de soupe, du jus d’orange (te dire à quel point ça faisait longtemps que je n’avais pas bu du FUCKING jus d’orange!!!), et mon prof, Luc Senay – t’sais le gars d’la split – m’apporte des plats que sa femme et lui m’ont cuisinés.

J’ai 21 ans, je reçois du jus d’orange, du shampoing et des pâtes au pesto. Quand tu comptes tes cennes pour manger, mettons que le pesto est loin sur ta liste d’épicerie!

Mais grâce à mes amis, moi, pendant une semaine, les crêpes et les galettes d’avoine étaient derrière. I was living the Pesto dream!

Je dis une semaine, parce que j’ai partagé avec mon coloc. Le jus d’orange n’a pas duré une journée, et dans le temps de le dire, le reste a suivi.

Une semaine plus tard, plus aucune bouffe, le bac n’était que souvenir. Mes cheveux sentent bon, j’ai le ventre de nouveau vide, mais j’ai le cœur plein. Parce que sept ans plus tard, je m’en souviens encore.

C’est ça, donner. Donner de la nourriture, du linge, mais aussi donner un break. Un break à des parents qui rushent pour arriver. Donner des souvenirs d’une belle table pleine à des enfants. Donner du jus d’orange à deux jeunes hommes qui se consacrent à un rêve.

C’est pour ça que, jeudi, je vais vous gosser. Je vais vous gosser quand vous allez marcher dans les rues, je vais vous casser les oreilles avec ma cloche à vache, je vais vous échanger une photo contre une piasse (profitez-en, Jean-François Brault charge bin plus cher!).

Parce qu’aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir donner comme moi j’ai reçu. Pis, en plus de ça, j’ai la chance d’avoir une voix, pour vous demander aussi de donner.

Alors, jeudi, avant de partir de chez vous, faites le défi deux mains: remplissez vos deux mains de choses que vous allez donner.

DEUX choses, j’pense que vous êtes capables de faire ça vous? DEUX CHOSES?!?

#DonnerLife

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