Un «massacre à la tronçonneuse» au parc Jean-Drapeau, dénonce Projet Montréal
Projet Montréal s’indigne de l’abattage de plus de 1000 arbres sur le parc Jean-Drapeau pour notamment créer un amphithéâtre extérieur dans le cadre d’un legs du 375e anniversaire de Montréal.
«C’est un massacre à la tronçonneuse», a clamé la chef de Projet Montréal, Valérie Plante, jeudi lors d’une conférence de presse. Les travaux d’aménagement de cet amphithéâtre naturel, qui devrait être en mesure d’accueillir 65 000 spectateurs, ont débuté il y a quelques semaines.
Pour la chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville, couper ces arbres «en santé et en pleine nature» serait «une aberration». «Quelle est la vision derrière ce projet qui va détruire de la verdure et des arbres», s’est interrogée l’élue de Ville-Marie, avant d’évoquer la lutte contre les îlots de chaleur menée par la Ville.
«On a déjà ce problème à Montréal, sans oublier les arbres que l’on coupe, victimes de l’agrile du frêne. Comment peut-on alors accepter de couper des arbres qui sont une richesse», a repris Valérie Plante.
Des arbres seront replantés
Évalué à 73,4M$, dont 38,4M$ payés par Montréal, ce projet comprend notamment l’abattage de ces arbres pour« dégager les vues sur la ville» et «accentuer le contact avec le fleuve», peut-on lire sur le site de la Société du parc Jean-Drapeau (SPJD). Interrogé par Métro en décembre dernier, la SPJD a tenu à relativiser cette mesure. «Ce sont essentiellement des arbres plantés en 1992, donc on ne parle pas d’arbres centenaires», avait indiqué Charles Fournier, directeur Infrastructures au parc Jean-Drapeau, précisant que 71% de ces arbres ont une faible valeur arboricole.
Alors que la direction de la SPJD s’est engagée à replanter 600 jeunes arbres sur ce site et 400 autres ailleurs sur l’île, Projet Montréal ne semble pas convaincu. «On ne peut pas accepter ce genre de solution car la possibilité que ces nouveaux arbres ne survivent pas au bout d’un an est importante. On a besoin de ces arbres-là. Ils sont parfaits», a renchéri Valérie Plante, qui dit regretter le manque de consultation publique.
«Ce projet n’a pas été mené dans les règles de l’art. L’administration a décidé d’hypothéquer notre futur, sans interroger les Montréalais. On a déjà une place des spectacles. En recréer une autre sur cette île, qui profitera aux promoteurs privés, c’est ridicule», a-t-elle regretté. Une pétition a d’ailleurs été lancée en ligne par une citoyenne montréalaise, qui «exige l’arrêt immédiat du processus de réaménagement actuel».
Le maire de Montréal, Denis Coderre, a réfuté les allégations de l’opposition officielle. En mêlée de presse, il a insisté pour dire que le projet n’a pas été élaboré «en vase clos» et que son administration a investi 18M$ dans le développement de la canopée dans la métropole. «Au lieu de juste regarder l’arbre, regardez l’ensemble de la forêt», a-t-il lancé.
Le complexe aquatique fermé
Ces travaux d’aménagement entraînent également la fermeture du complexe aquatique du parc Jean-Drapeau. Durant au minimum toute la saison 2017, les piscines récréatives, de compétition et de plongeon seront fermées et, sur son site internet, la Ville invite plutôt les baigneurs à profiter de la plage Jean-Doré durant l’été. Les athlètes qui profitent de ces installations doivent, quant à eux, trouver d’autres installations.
Cette conséquence fâche Valérie Plante. «En tant que mère de famille, je suis très attachée à ce parc aquatique, a-t-elle expliqué. Je n’ai pas de chalet et je n’allais pas à l’extérieur de Montréal. Comme beaucoup de Montréalais, j’aime y emmener mes enfants. Fermer ce complexe, c’est tout à fait inadmissible et inacceptable.»
M. Coderre a convenu que les travaux au parc Jean-Drapeau entraîneront des désagréments. «Il y a toujours quelque chose qu’on peut trouver qui ne marche pas, a-t-il dit, mais un moment donné, il faut que ça se fasse.»