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Couper dans le gras de l’échangeur Turcot

Photo: Collaboration spéciale

Il n’est pas trop tard pour mettre en place une solution moins coûteuse et plus rapide à la réfection de l’échangeur Turcot, affirme la coalition Mobilisation Turcot, qui a présenté, jeudi, sa «cure minceur» pour l’immense chantier.

Le projet actuel pour remplacer l’échangeur Turcot, mis en place par l’ancien gouvernement libéral, est comme une «grosse poutine au foie gras, c’est trop cher pour ce que c’est», a affirmé jeudi la porte-parole de Mobilisation Turcot, Shannon Franssen, lors du dévoilement de l’alternative proposée par la coalition. Il urge d’apporter des modifications au plan initial du ministère des Transports du Québec (MTQ), clame-t-elle.

Mobilisation Turcot rassemble des groupes communautaires et environnementaux, ainsi que des citoyens, qui travaillent depuis 2007 à élaborer un projet Turcot durable, qui encourage le transport en commun et la réduction de la pollution automobile.

Leur «cure minceur» s’inspire directement des travaux de Pierre Gauthier, professeur au département de géographie, urbanisme et environnement de l’Université Concordia, et de Pierre Brisset, architecte et directeur du Groupe de recherche urbaine Hochelaga-Maisonneuve.

La coalition est formelle: leur solution de rechange ne constitue pas un changement draconien au plan déjà en place pour la réfection de l’échangeur Turcot; il n’est donc pas trop tard pour envisager les cinq changements qu’elle propose. Résultat : le budget du projet actuel, qui est estimé à 3 G$, pourrait être réduit de moitié et l’échéancier du chantier, diminué de deux ans.

Le projet élaboré par le MTQ prévoit notamment la reconstruction de la moitié de l’autoroute Ville-Marie, ce qui n’est absolument pas nécessaire selon la coalition. «L’autoroute Ville-Marie est en très bon état, affirme Pierre Gauthier. Et si elle ne l’était pas, il faudrait la reconstruire au complet, car elle a été construite en un seul tenant.»

Mobilisation Turcot souhaite donc que le MTQ reporte la construction de l’autoroute jusqu’au moment où les travaux seront nécessaires, soit en 2022. Même constatation pour l’échangeur Montréal-Ouest, qu’il n’est absolument pas nécessaire de reconstruire, selon MM. Gauthier et Brisset.

Les deux experts, qui avaient présenté en vain leur alternative au gouvernement de Jean Charest en 2010, proposent de raccorder l’autoroute Décarie à l’autoroute Ville-Marie par des bretelles conventionnelles – à une voie – plutôt que de construire des bretelles à deux voies, comme le suggère le projet actuel pour l’échangeur.

«Cela aurait pour effet de gonfler inutilement la facture des travaux, puisque nous n’avons pas eu de réponse satisfaisante quant à la justification technique des bretelles à deux voies, par exemple, explique M Gauthier. Alors on peut se demander qui bénéficie du fait de concevoir plus gros? On nous dit que nous sommes dans des conditions financières difficiles, alors soyons cohérents.»

L’architecte Pierre Brisset déplore que ceux qui se sont opposés à son alternative plus modeste l’accusent de vouloir retarder le projet. «Au contraire, on veut l’accélérer, insiste-t-il. Que ça commence tout de suite, qu’on agisse pour éliminer la crainte des gens quand ils passent sur Turcot et qui se demandent si la structure va tomber.»

Le nouveau MTQ ne veut pas se prononcer pour l’instant sur cette nouvelle proposition. L’attaché de presse du ministre Sylvain Gaudreault, Yann Langlais-Plante, affirme que le ministère n’a pas encore eu l’occasion d’étudier la proposition, et qu’il continue pour le moment de travailler sur le projet déjà prévu par le gouvernement libéral. «Pour l’instant, on travaille sur le projet qui a été mis en place, en essayant de trouver comment le bonifier, dit M. Langlais-Plante. Il y aura des décisions qui devront être prises dans les prochaines semaines.» Mais une chose est sûre, a-t-il rappelé, le ministre Gaudreault ne veut pas «créer un deuxième CHUM avec Turcot».

La «cure de minceur» pour l’échangeur Turcot en cinq points

  • 1.    Repositionner les voies ferrées du CN en sol stable et non dans le marécage au pied de la falaise Saint-Jacques
  • 2.    Conserver l’échangeur Montréal-Ouest, qui est encore en bon état
  • 3.    Alléger les structures dans le cœur de l’échangeur tout en maintenant la capacité prévue dans les axes stratégiques
  • 4.    Reporter la construction de l’autoroute Ville-Marie à l’ouest d’Atwater jusqu’au moment où les travaux seront nécessaires
  • 5.    Réserver les voies de droite au transport en commun dans les deux directions de l’autoroute Ville-Marie à l’ouest de l’échangeur.

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