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Ouverture de classes de maternelle à quatre ans: la CSDM est sceptique

CSDM
Photo: Archives/Métro

Alors que la promesse de la Coalition avenir Québec (CAQ) de généraliser les classes de maternelle à 4 ans devient de plus en plus concrète, la Commission scolaire de Montréal se retrouve prise entre la volonté du gouvernement et la réalité, marquée par une pénurie d’enseignants et un manque d’espace.

«Est-ce qu’on sera capable de faire 22 classes de 4 ans dans notre contexte [à la rentrée prochaine]? Il faudra valider ça avec notre organisation scolaire», a lâché la présidente de la Commission scolaire de l’île de Montréal (CSDM), Catherine Harel Bourdon, peu sûre d’arriver à ouvrir autant de classes à la prochaine rentrée.

Mercredi, le premier ministre du Québec, François Legault, a réaffirmé sa volonté d’ouvrir des classes de maternelle dès 4 ans en soulignant que le projet «ne va pas assez vite à [son] goût». Son ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, avait confié la veille à La Presse son intention d’ouvrir les 220 premières classes à la rentrée 2019. La CSDM pourrait en récupérer une vingtaine, puisqu’elle représente 9% de l’ensemble des classes du Québec.

«La pertinence [de la maternelle à quatre ans] est là, mais le contexte de la réalisation est plus difficile au niveau de l’espace et de la pénurie de professeurs. Le résultat ne sera pas là demain matin, ça va prendre au moins 3, 4 ans», a ajouté le directeur général de la CSDM, Robert Gendron.

«Dans les cohortes [d’étudiants en enseignement] qui finissent, est-ce qu’on va avoir 220 enseignants en 4 ans? Il faut déjà avoir des nouveaux enseignants pour les 5 ans, dont le nombre augmente», a-t-il précisé.

Selon la CAQ, une classe de maternelle coûterait près de 122 000$ et il en faudrait 1250 pour atteindre l’objectif du parti de M. Legault d’en ouvrir 5000 au Québec, pour un montant total de 153M$.

Pour la présidente de la CSDM , ces chiffres sont bien loin de la réalité. Selon elle, les coûts actuels d’une classe, comprenant la construction, la rémunération des professeurs et les frais d’entretien se situent autour du million de dollars. Pour la CSDM, il s’agit donc d’une facture de près de 20M$.

La CSDM aurait pourtant bien d’autres problèmes à régler avant de s’attaquer au projet de création de classes destinées aux enfants de quatre ans. Sous financés depuis plusieurs années, selon la présidente, les programmes de soutien aux élèves en difficulté, en situation de handicap ou en francisation sont en déficit de 30M$.

Même son de cloche du côté du transport scolaire, qui, malgré un financement de 15M$ du gouvernement, est déficitaire à hauteur de 8M$. La CSDM doit donc prendre de l’argent dans son budget pour combler ces déficits.

La plus importante commission du Québec a présenté ces chiffres mercredi, à l’occasion de la divulgation de ses états financiers, qui affiche un très léger excédent de 2,5M$ cette année, signe que le retour à l’équilibre, atteint depuis 2015, est toujours «fragile», selon Mme Harel Bourdon. Rappelons que le budget total de la CSDM est de 1,1G$.

«On a fait notre travail. Maintenait, on aimerait obtenir le financement nécessaire», a-t-elle déclaré.

Mais cet équilibre n’est pas encore un signe d’apaisement à la CSDM, qui fait face à une importante pénurie de professeurs, un parc immobilier vétuste et un nombre croissant de nouveaux élèves.

«Il faudrait que le gouvernement finance la recherche et le développement pour trouver une solution hybride aux classes modulaires, au niveau de l’architecture, de l’impact visuel, du design extérieur, pour que ce soit intéressant», a plaidé Mme Harel Bourdon. Les classes modulaires ne sont pas près de disparaître à Montréal. Une centaine de nouvelles classes sont prévues pour cette année scolaire, alors que 50 de ces classes ont été installées l’an dernier.

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