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Une Mexicaine risque d’être déportée loin de ses enfants

Photo: Chantal Lévesque/Métro

Une jeune mère de 27 ans risque d’être déportée le 30 août au Mexique, sans ses deux filles.

Sheila Sedinger, qui habite à Montréal depuis neuf ans, a vécu plusieurs expériences traumatisantes au Mexique, dont un viol collectif. Elle essaie depuis longtemps d’obtenir sa résidence permanente au Canada, et elle l’aurait probablement obtenue si elle n’avait pas dénoncé la violence commise par son ex-conjoint.

Ce dernier, qui a le statut de personne protégée au pays, parrainait sa demande de résidence depuis 2008. Le processus n’était pas terminé, en 2011, lorsqu’il a été reconnu coupable de violence conjugale pour avoir brisé le fémur de leur plus jeune fille, âgée aujourd’hui de cinq ans.

Les conséquences? La demande de parrainage de Mme Sedinger a été annulée, puisque les personnes ayant un dossier criminel ne peuvent pas parrainer leurs proches. Le conjoint, de son côté, peut rester au pays étant donné son statut de personne protégée.

«Je suis punie pour les crimes d’une autre personne. C’est injuste.» -Sheila Sedinger, qui avait de la difficulté à contenir ses émotions devant les médias

 

Mais il y a plus: Mme Sedinger et son ex-conjoint se disputent actuellement la garde légale de leurs enfants. N’ayant pas officiellement la garde, la mère ne peut pas amener ses filles avec elle au Mexique, pas plus qu’elle ne peut les confier à une tierce personne, comme son nouveau conjoint, Mike Carrière.

«On ne sait pas ce qui va arriver avec les enfants, a affirmé son avocate Me Angela Potvin. La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) devra peut-être s’en occuper, ou alors ce sera la personne qui a déjà été reconnue coupable de violence sur eux.»

Mme Sedinger a demandé un sursis à son renvoi, une demande qui sera examinée par la Cour fédérale mardi prochain. Elle souhaite rester au Canada en attendant la fin des procédures par rapport à la demande de parrainage de son nouveau conjoint, à sa demande de résidence permanente pour motifs humanitaires, ou à tout le moins par rapport au litige de la garde des enfants. Ces procédures peuvent durer des années.

«Si mardi le juge dit non, elle sera renvoyée au Mexique samedi prochain, où elle sera à la rue», a estimé Me Potvin. C’est que Mme Sedinger n’y a pas d’amis et n’est plus en contact avec les membres de sa famille qui y sont toujours. Son père vit aussi au Canada. Notons que Mme Sedinger se promène avec une canne depuis qu’elle a eu le genou brisé il y a environ un an, et qu’on a découvert des cellules cancéreuses sur le col de son utérus.

Mme Sedinger a tenu à souligner à quel point elle est intégrée dans sa communauté et elle se sent beaucoup plus Canadienne que Mexicaine. Plusieurs personnes de son entourage étaient d’ailleurs venus témoigner en ce sens devant les médias.

Le cas de Mme Sedinger est loin d’être unique. L’organisme Solidarité sans frontières et Me Angela Potvin observent que de plus en plus de familles sont séparées par l’Agence des services frontaliers depuis quelques années.

«On pourrait médiatiser une situation comme celle-là tous les jours» -Me Angela Potvin.

L’avocate retournera à la cour fédérale dans trois semaines pour défendre une mère de trois enfants, qui doit être déportée avec deux d’entre eux et séparée de son troisième.

Des parents d’origine égyptienne résidant à Verdun et vivant au Canada depuis huit ans doivent aussi être déportés le 29 août. Ils n’ont pas encore décidé s’ils laisseront ici leurs deux filles âgées de huit et six ans, qui sont Canadiennes, étant donné l’instabilité politique de l’Égypte et les besoins en santé de leur aînée. Cette dernière est épileptique et est suivie par un neurologue à l’Hôpital de Montréal pour enfants.

«Il y a une vague politique qui veut que les déportations se passent plus rapidement, de façon plus efficace, a affirmé Me Potvin en guise d’explication. La séparation simple des familles n’est pas une raison légale pour arrêter une déportation.»

Selon Me Potvin, la séparation des familles a des effets très importants sur les enfants. «Ça entraîne beaucoup de criminalité, beaucoup de difficultés de concentration à l’école et même des problèmes de développement», a-t-elle déploré.

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