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Quatre aspects méconnus de l’itinérance

Le recensement des sans-abri montréalais du 24 mars nécessitera environ 600 bénévoles. Or, une semaine après l’appel, ce sont pas moins de 800 candidatures qui ont déjà été reçues. Si cette méthode d’évaluation sur une seule journée est décriée par certains, des études similaires se tiennent depuis plusieurs années à Vancouver, Toronto et Calgary. Et certains résultats sont étonnants. Un an après l’adoption de la Politique en itinérance, Métro présente quatre faits qui démontrent à quel point le monde des sans-abri est mal connu.

Plusieurs travaillent

Fait peu connu, entre 16 et 20% des itinérants recensés dans les trois métropoles canadiennes occupent un emploi à temps partiel et sont, malgré tout, sans adresse fixe. À Toronto, on a aussi remarqué que le pourcentage de sans-abri qui faisaient la manche est passé de 17% en 2006 à 6% en 2013, selon le dernier recensement. Sur ces deux aspects, Montréal diverge. «Si les taux d’emploi chez les personnes itinérantes sont aussi élevés à [Vancouver, Toronto et Calgary], c’est à cause de la cherté et la rareté des loyers qui forcent certains employés à temps partiel à vivre dans des ressources d’hébergement. À Montréal, les loyers sont relativement moins élevés et le phénomène des travailleurs vivant en refuge est peu fréquent», explique Pierre Gaudreau, coordonnateur du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM). Ainsi, selon les données collectées par les organismes membres du RAPSIM, moins de 5% des utilisateurs montréalais de refuges exercent un emploi. En outre, faire la manche et tirer des revenus de l’économie informelle restent la source de revenu privilégiée, après les aides gouvernementales.

Population stable

En 2014, Calgary a recensé 3533 itinérants, Toronto, 5253, et Vancouver en avait comptabilisé 2777. Ces trois villes constatent toutes que depuis cinq ans, le nombre d’itinérants visibles est resté relativement stable. À Montréal, les organismes d’aide clament que le phénomène est en hausse constante. «Depuis cinq ans, le nombre de nuitées passées dans les refuges montréalais a augmenté de 30% et le taux d’occupation est passé de 89% à 97% même s’il y a 100 places de plus», souligne M. Gaudreau, Il souligne les limites du recensement d’une seule journée qui risque de fausser l’attribution des budgets. «On sait qu’on va sous-estimer certains aspects, notamment celui de l’itinérance cachée (ceux qui font du couch surfing ou vivant dans des motels), mais on va organiser deux journées supplémentaires de dénombrement dans les soupes populaires ou les centres de jour pour avoir un portrait le plus fidèle possible», répond le Docteur Éric Latimer, chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas qui coordonne le recensement avec James McGregor. Particularité montréalaise, le recensement mesurera le pourcentage de personnes n’ayant aucun papier d’identité et qui vivent donc en dehors du système (santé, aide sociale, etc. )

drapeau gai lgbt homosexualitéDiversité sexuelle

Pour la première fois en 2013, Toronto a évalué l’orientation sexuelle des itinérants sur son territoire. Et 21% des jeunes itinérants d’identifiaient comme LGBT (lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres). La moyenne était de 9% chez les sans-abri torontois, tout âge confondu. «C’est un chiffre élevé», convient M. Gaudreau qui se demande toutefois si l’importance des services offerts dans la Ville-Reine, et son ouverture à la diversité, ne favorisent pas la concentration. La question des travestis et des personnes trans se pose néanmoins de plus en plus à Montréal, souligne-t-il. Notamment pour déterminer dans quel refuge les accueillir. À Montréal, les personnes pourront s’identifier comme travesti ou trans, mais on ne leur demandera pas leur orientation sexuelle, le questionnaire devant être administré en moyenne en cinq minutes.

Un itinérant dans le Sud-Ouest
Autochtones surreprésentés

Les représentants des Premières Nations et des Inuits comptent pour 31% des itinérants à Vancouver, 21% à Calgary et 16% à Toronto, soit bien plus que leur part de la population générale (entre 1% et 3%). «À Montréal, il y a 15 ans, c’était marginal, mais ça ne l’est plus. On observe une croissance constante», indique M. Gaudreau. Il s’agit principalement de personnes venues se faire traiter dans la métropole et qui y sont restées. «Leur cas démontre l’importance d’agir en amont dans leurs territoires pour améliorer la situation sur le front du logement et de la santé publique», croit le coordonnateur du RAPSIM. M. Latimer souligne les particularités de l’itinérance autochtone. «Une bonne partie vit hébergée par des membres de la famille au sens élargie du terme. Ils se retrouvent dans des logements surpeuplés, par exemple, dans le quartier Saint-Henri avec des problématiques de violence et de consommation auxquelles il faut trouver des solutions adaptées», dit-il.

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