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Les Haïtiens et les Zimbabwéens sans statut veulent qu’Ottawa agisse

Photo: Yves Provencher/Métro

Acculés à une date limite qui approche – le moratoire sur leur renvoi dans leur pays prend fin le 1er juin –, les quelque 3000 Haïtiens et Zimbabwéens sans statut au pays implorent le gouvernement fédéral de laisser tomber le «cas par cas» et d’appliquer une «solution globale» pour leur permettre de rester au pays.

C’est que, si leur demande de résidence permanente n’est pas faite avant cette date, ils risquent l’expulsion vers leur pays natal.

«Le gouvernement doit comprendre la nécessité de prendre une mesure globale et collective, comme ça été le cas en 1976 avec l’opération Mon pays, qui a conduit à l’entente Couture-Cullen [NDLR : entente de 1978 qui a permis à beaucoup d’Haïtiens de s’établir au Canada de manière permanente], a lancé le porte-parole du Comité d’action des personnes sans statut (CAPSS), Serge Bouchereau, en point de presse en marge d’une manifestation devant les bureaux d’Immigration Canada, à Montréal, lundi. Si le gouvernement prend cette mesure, c’est réglé une fois pour toutes.»

Selon M. Bouchereau, le gouvernement pourrait faire du «cas par cas» dans le cas de personnes ayant un dossier criminel, mais devrait autrement régulariser le statut de tous les Haïtiens et Zimbabwéens présentement au pays.

Le CAPSS ne partage donc pas l’opinion de la ministre québécoise de l’Immigration, Kathleen Weil, qui a demandé le 12 mai au gouvernement fédéral d’accorder une prolongation de 3 mois au sursis des renvois vers ces pays. «Demander une prolongation, pour nous, c’est entrer dans la logique du cas par cas, croit en revanche M. Bouchereau. Mais si toutefois le gouvernement décide d’accorder un délai, nous n’allons pas cracher dessus.»

Plusieurs d’entre eux ont des emplois et ont des enfants nés au Canada, explique-t-il. «Ce sont des gens qui veulent rester ici, qui sont ici depuis fort longtemps, 5 ans ou 10 ans ou plus», a-t-il affirmé

C’est le cas de William Antoine, un camionneur qui a deux enfants en bas âge nés au Canada, et qui négocie actuellement l’achat d’une maison. Sa conjointe est enceinte d’un troisième enfant. «Il ne faut pas juste penser à nous, il faut penser à nos enfants. Moi, Haïti, c’est mon pays, je n’en parlera pas en mal. Mais mes enfants, ils sont Canadiens, a-t-il témoigné. Mes enfants pourraient devenir des avocats ou des docteurs qui pourraient soigner les Canadiens.»

Il a rajouté que ses enfants pourraient être la cible de violence ou même d’enlèvement en Haïti, puisqu’ils seraient considérés «riches» à cause de leur lieu de naissance.

Pour Jean Énor Goin, pas question de retourner en Haïti, puisqu’il est gai. Il a déjà été attaqué pour son orientation sexuelle en Haïti, raconte-t-il. «Je ne veux pas y retourner, parce que si j’y retourne, beaucoup de gens vont vouloir me tuer, parce que je suis gai. J’aime ça ici, je veux rester ici», conclut-il.

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