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Une vingtaine de résidences de Rosemont–La Petite-Patrie bâties sur un ancien dépotoir

Une quinzaine d’immeubles à logements privés d’un quartier résidentiel de l’arrondissement de Rosemont–La-Petite-Patrie, d’une valeur avoisinant les 30M$ et totalisant quelque 400 unités, sont bâtis sur une ancienne carrière ayant servi de dépotoir

Des documents de la Ville de Montréal datant de 1994 dont Métro a obtenu copie montrent pour la première fois l’étendue approximative de ce dépotoir, entre la 27e et la 30e Avenue, et entre la rue de Bellechasse et le boulevard Rosemont. D’autres documents consultés par Métro en novembre mentionnait seulement le quadrilatère où il se trouvait.

Outre ces immeubles privés, trois immeubles d’habitations à loyer modique (HLM) gérés par la Société d’habitation du Québec, ainsi que l’école secondaire Vincent-Massey, se trouvent donc sur des terrains potentiellement contaminés.

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Le dépotoir en question a été exploité par la Ville de Montréal, qui y a entreposé des déchets de 1928 à 1940 dans l’ancienne carrière J. Rhéaume. La carrière de roc faisait jusqu’à 8 m de profondeur.

Des tests de biogaz menés en 1993 ont permis de détecter de faibles concentrations de méthane sur le pourtour du dépotoir. La plus importante concentration trouvée se situait à 2% de la limite inférieure d’explosivité (LIE) de ce gaz. En novembre, les services techniques de la Ville avaient assuré à Métro que le débit de biogaz relâchés par d’anciens dépotoirs décroît de façon exponentielle avec le temps.

Il est difficile de prédire l’impact de cette découverte sur la valeur des immeubles, selon Annie Labbé, évaluateur agréé et première vice-présidente des services-conseils immobiliers de PwC. «S’il y a eu enfouissement et que le terrain est non contaminé, l’impact est mineur, habituellement. Mais si la demeure ou l’immeuble est construit sur un enfouissement contaminé et répertorié, normalement, la valeur de l’immeuble devient nulle», prévient-elle toutefois.

En octobre, deux propriétaires, Benoît Fortier et Pierre Bonneau, jugeaient que leur terrain avait été contaminé par un autre dépotoir révélé par Métro, celui sous le parc Baldwin, à cheval entre les arrondissements de Ville-Marie et du Plateau-Mont-Royal. Les deux affirmaient que la contamination avait fait chuter la valeur de leurs immeubles. Ils entendent intenter un recours collectif contre la Ville.

D’autres dépotoirs

Même si Métro donne aujourd’hui une idée plus précise de l’étendue de cinq anciennes carrières utilisées comme dépotoirs par la Ville de Montréal, l’emplacement et l’envergure exactes de la cinquantaine d’autres sites similaires reste vague – une situation qui pourrait s’avérer fâcheuse pour certains propriétaires.

Hormis le dépotoir du parc Baldwin, mis au grand jour par Métro en octobre, et celui sous un quartier résidentiel dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, un autre se trouve sous le parc Maisonneuve, tout juste en face de ce dernier, de l’autre côté du boulevard Rosemont.

Deux anciennes carrières exploitées comme dépotoirs de 1950 à 1975 par la Ville de Montréal se retrouvent sous l’actuel parc Père-Marquette, dans l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie. Un de ceux-ci se trouve sous le jardin communautaire du parc, le jardin Père-Marquette, qui compte 125 jardinets.

Les cartes ci-contre, produites par la Ville en 1994, montrent l’étendue des carrières telles qu’elles étaient connues à l’époque. Dans le rapport qui les accompagne, par contre, les ingénieurs ayant mené des sondages expriment leur «grande surprise» de voir que la carrière semble dépasser les limites prédites, notamment sous un quartier résidentiel au nord de la rue Drucourt et à l’est de la rue Marquette. Le rapport recommande que d’autres sondages soient faits pour déterminer l’étendue précise du dépotoir.

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Sous un terrain vague près de l’hôpital Louis H. Lafontaine, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, se trouve un autre ancien dépotoir. Des déchets ont été entreposés dans cette ancienne carrière de la Canada Cement Co. entre 1922 et 1954. De nouveaux immeubles à condominiums ont été construits en 2009 aux abords de ce site.

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La Ville réagit

Contacté par Métro hier, le responsable de l’environnement au comité exécutif et maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, a assuré que la Ville corrigerait sous peu le manque d’informations à propos des anciennes carrières.

«Nous allons produire des cartes géoréférencées, pour chaque arrondissement, des dépôts de surface et des anciennes carrières, a-t-il affirmé. Il va y avoir des données très précises pour que les citoyens puissent obtenir ces informations.»

M. Ménard s’attend à ce que ces cartes soient publiées sur le site de la Ville début janvier.

Il a d’ailleurs ajouté que la Ville a terminé il y a deux ou trois semaines des mesures de biogaz sur les sites d’anciennes carrières débordant sur la trame résidentielle. «La très bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a aucun site résidentiel où il y a des biogaz actifs», avance-t-il.

La Ville n’a toutefois pas testé les sols de ces sites pour déterminer s’ils sont contaminés.

Des données encore imprécises

Ces sites font partie d’une soixantaine d’anciennes carrières utilisées comme dépotoirs sur le territoire de la métropole, dont l’existence a été révélée dans des documents obtenus par Métro en novembre.

Ces documents proviennent d’un rapport remis à la Ville en 1994 par le service de l’environnement de l’époque. Le rapport suggérait entre autres à la Ville de procéder à des tests pour mesurer l’étendue de ces anciens dépotoirs. Pour certains d’entre eux, on suspectait qu’ils pourraient s’étendre sous des quartiers résidentiels.

Il est crucial pour les propriétaires de savoir si, oui ou non, leur propriété est bâtie sur un dépotoir, et si celui-ci est contaminé, selon Annie Labbé, Évaluateur agréé et Première vice-présidente des Services conseils immobiliers chez PwC.

«C’est important aussi pour les décideurs publics, dans notre planification urbaine d’avoir cette information là. Ça devient crucial pour bien gérer les fonds publics. Dans l’ensemble, ça serait profitable à tout le monde d’avoir toutes les données.» -François Croteau, maire de Rosemont–La Petite-Patrie

«Il peut y avoir des sites sur lesquels il y a eu des enfouissements mais où il n’y a pas de contamination. Ce sont deux choses à distinguer clairement, explique-t-elle. L’impact [sur la valeur de la propriété] ne peut pas être quantifié à l’avance. On ne connait pas l’impact de l’enfouissement, on ne connait pas la profondeur, on ne connait pas les impacts sur la santé, parce que, comme il n’est pas répertorié, il n’y a pas ces détails qu’on retrouve habituellement sur le site du ministère [du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, qui tient un répertoire des sites contaminés].»

Il est aussi important pour la Ville de connaître l’emplacement précis de ces anciens dépotoirs, selon le maire de Rosemont–La Petite-Patrie, François Croteau. Il explique que son arrondissement a déjà voulu installer une pataugeoire dans le parc Père-Marquette. Or, des tests environnementaux ont déterminé qu’il aurait fallu installer des pieux sur 30m de profondeur pour assurer la stabilité de la structure, ce qui aurait triplé les coûts des travaux.

 

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