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Un décret présidentiel pour abolir l'ALÉNA?

Carolyn Kaster / The Associated Press Photo: Carolyn Kaster
Alexander Panetta, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

WASHINGTON — Histoire d’accentuer la pression sur le Congrès et sur ses partenaires commerciaux, la Maison-Blanche laisse filtrer dans les médias américains le scénario prévoyant l’abolition pure et simple, par décret présidentiel, de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Divers médias soutenaient mercredi que le président Donald Trump songe à adopter un décret-loi qui annoncerait le retrait américain de l’ALÉNA — une perspective qui fait trembler les législateurs proches des milieux d’affaires.

Politico, un média de Washington, soutient que M. Trump étudie une proposition de décret-loi élaborée par ses conseillers Steve Bannon et Peter Navarro. CNN, de son côté, estime que le président pourrait tout simplement renégocier l’accord, comme prévu.

On ne sait pas exactement jusqu’à quel point le président envisage sérieusement un retrait, ou s’il ne se sert pas de cette menace pour activer les négociations. Cette «fuite» aux médias a en tous cas énervé les investisseurs, mercredi: le dollar canadien a perdu 0,26 cent US, pour terminer la journée à 73,46 cents US.

L’expert canadien en droit du commerce Mark Warner n’y voit que «bluff» et tactique d’intimidation face aux législateurs américains.

Car la Maison-Blanche s’irrite de plus en plus de la lenteur du Congrès, qui n’a toujours pas approuvé la nomination du nouveau représentant américain au Commerce, Bob Lighthizer, ni déclenché la période de 90 jours de consultations sur l’ALÉNA.

Or, la Maison-Blanche sait pertinemment qu’il sera de plus en plus difficile de conclure une entente à mesure qu’on approche des élections générales de juillet 2018 au Mexique. Après les élections dans ce pays, il faut prévoir une période de transition de cinq mois entre deux administrations. Le gouvernement mexicain a d’ailleurs prévenu qu’il ne pourra conclure une entente après l’hiver prochain.

L’homme fort du président Trump dans ce dossier, le secrétaire au Commerce Wilbur Ross, a lui-même reconnu que les négociations seront de plus en plus difficiles si elles s’éternisent l’an prochain. D’autant que les législateurs américains seront eux-mêmes entraînés dans le tourbillon des élections de mi-mandat, en novembre 2018.

En vertu de la loi, le Congrès doit être consulté pendant les négociations et c’est lui qui ratifiera l’accord final.

Ottawa tente de calmer le jeu

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a tenté de calmer le jeu dans un courriel envoyé à La Presse canadienne.

«Ce que je peux dire au sujet de l’ALÉNA, c’est qu’il est important que nous gardions tous en tête qu’à l’heure actuelle, les négociations n’ont pas encore commencé, a-t-elle écrit. Le Canada est prêt à amorcer des discussions à tout moment.»

Plus tôt dans la journée, elle avait affirmé qu’elle se battrait «farouchement» pour les intérêts économiques du Canada face aux États-Unis en réaction aux critiques formulées la veille par Donald Trump sur le bois d’oeuvre et les produits laitiers.

Le premier ministre Justin Trudeau s’est de nouveau entretenu avec le président Trump mercredi soir, a indiqué son attaché de presse dans un courriel.

«Les deux dirigeants ont poursuivi leur dialogue sur les relations commerciales (entre le Canada et les États-Unis), le premier ministre insistant sur l’importance d’axer nos relations commerciales sur la stabilité et la croissance de l’emploi», a précisé Cameron Ahmad.

Mardi, M. Trudeau avait discuté avec M. Trump afin de réfuter des «allégations sans fondement» au sujet du bois d’oeuvre, qualifiant d’injuste l’imposition de droits par les États-Unis, selon le compte-rendu de l’entretien fourni par le bureau du premier ministre.

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