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Les libéraux nient avoir offert un comté à Yves Francoeur

Photo: Archives Métro
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le Parti libéral du Québec nie avoir fait une démarche officielle dans le but de recruter le président du syndicat des policiers de Montréal, Yves Francoeur.

Ce dernier a pourtant confirmé qu’il a été approché par le PLQ dans un gazouillis, mardi. Il a ajouté avoir «sur le champ, de façon forte et sans équivoque rejeté l’offre du PLQ».

Les libéraux auraient contacté M. Francoeur en début d’année pour voir s’il était intéressé à faire le saut en politique et porter les couleurs du Parti libéral dans la circonscription montréalaise de Marguerite-Bourgeoys, représentée par Robert Poëti.

Lors d’une journée mouvementée à Québec, des médias ont avancé que Patrice Ryan, président de la firme Ryan Affaires publiques et fils de l’ancien chef du PLQ Claude Ryan, était celui qui avait approché Yves Francoeur.

«Personne en autorité au Parti libéral du Québec n’a reçu quelque mandat que ce soit d’approcher M. Yves Francoeur pour lui proposer un comté, et si ça s’est fait, ça s’est fait sans que moi j’ai été mis au courant», a déclaré l’organisateur en chef du PLQ, Sylvain Langis, lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale.

Vendredi, le député libéral de Chomedey, Guy Ouellette, avait lancé à l’animateur Benoît Dutrizac sur les ondes du 98,5FM que l’establishment du parti essayait de pousser des élus comme lui vers la retraite. On avait même déjà offert les circonscriptions tenues par certains de ses collègues à d’autres personnes, avait-il dénoncé. L’information avait été démentie par le PLQ.

Questionné mardi à savoir s’il comptait se représenter aux prochaines élections, M. Poëti a affirmé qu’il ne «faiblirait pas dans l’adversité».

Yves Francoeur est au centre d’une véritable tempête politique depuis une semaine.

Le policier syndicaliste a déclaré jeudi sur les ondes du 98,5FM que deux députés libéraux avaient échappé à la justice en raison de leur allégeance politique.

Un des députés en question siégerait toujours à l’Assemblée nationale.

M. Francoeur a allégué qu’un dossier d’enquête de fraude et de trafic d’influence impliquant des élus libéraux avait été complété. La preuve obtenue par la police comportait des éléments de filature et d’écoute électronique, selon lui.

La Sûreté du Québec déclenche une enquête

Mardi, la Directrice des poursuites criminelles et pénales (DPCP), Annick Murphy, a demandé qu’une enquête policière de nature criminelle se penche sur les allégations de M. Francoeur.

«Les allégations sont graves et on se doit de faire la lumière sur cette affaire», a déclaré le porte-parole du DPCP, Jean-Pascal Boucher, en entrevue à La Presse canadienne.

C’est la Sûreté du Québec, avec l’aide du Service de police de la ville de Montréal et du Service de police de Québec, qui se chargera d’enquêter sur les faits.

M. Francoeur a plus tard déclaré par voie de communiqué qu’il prenait acte de la décision du DPCP de demander la tenue d’une enquête, en ajoutant qu’il «allait de soi» qu’il maintenait ses propos.

Il a déjà contacté l’Unité permanente anticorruption (UPAC) mais rencontrera les autorités compétentes «en temps et lieu», a-t-il précisé.

Lundi, la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, avait reproché au président du syndicat des policiers d’avoir fait mal au DPCP par son silence après avoir lancé ses allégations éclaboussant des élus libéraux. Elle a aussi soulevé des doutes sur les intentions réelles de M. Francoeur.

«En quelques heures, celui que la ministre attaquait est devenu assez crédible pour qu’une enquête criminelle soit déclenchée sur la base même de ses déclarations. Non seulement ça, mais on vient tout juste d’apprendre que M. Francoeur était assez crédible pour qu’on lui offre de se présenter pour le Parti libéral dans le comté détenu actuellement par le député de Marguerite-Bourgeoys», a réagi la député péquiste Véronique Hivon.

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, s’est réjoui mardi que les questions de l’opposition ait débouché sur une enquête policière, un «revirement spectaculaire», selon lui.

«Aujourd’hui, c’est le triomphe du rôle des commissions parlementaires, a-t-il dit. Depuis deux ou trois semaines, les gens disent: de quoi se mêlent-ils? Bien, on représente le bien commun. On pose des bonnes questions et on fait les bonnes propositions.»

Nominations

Les trois partis d’opposition ont par ailleurs demandé, mardi, que les dirigeants de l’UPAC, de la SQ et du DPCP soient nommés par les deux tiers de l’Assemblée nationale, et non pas par le gouvernement. La proposition a été rejetée par le premier ministre Philippe Couillard.

«Est-ce que quelqu’un pense à demander à ce que ce soit l’Assemblée nationale qui nomme les juges? C’est une erreur fondamentale à la séparation des pouvoirs (exécutif et législatif)», a argué le premier ministre en chambre.

Son refus a piqué au vif le chef de la Coalition avenir Québec. «Est-ce qu’il n’est pas plutôt en train de nous dire que lui, ce qu’il veut, c’est de protéger le système d’influence libérale qui est là depuis Jean Charest?» a rétorqué François Legault.

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