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Industrie du sexe: fin des permis de travail

OTTAWA – Les bars de danseuses et les services d’escortes devront bientôt se passer des services des étrangères: Ottawa interdit l’octroi de permis de travail temporaires à celles qui veulent venir au pays pour gagner leur vie dans «l’industrie du sexe».

Et pas question non plus pour le gouvernement d’aider ces entreprises à se trouver des employées: l’argent des Canadiens sera mieux utilisé ailleurs.

Le gouvernement de Stephen Harper a annoncé mercredi les nouvelles interdictions pour empêcher la venue au pays de ces travailleuses.

Ottawa avait récemment indiqué ses intentions et passe maintenant des paroles aux actes en détaillant les mesures qu’il prend «pour protéger des personnes vulnérables qui sont particulièrement à risque de se faire exploiter».

«Le gouvernement ne peut, en toute bonne conscience, continuer d’admettre des travailleurs étrangers temporaires qui se dirigent vers des secteurs où il est raisonnable de craindre l’exploitation sexuelle», a déclaré le ministre de l’Immigration, Jason Kenney, à Calgary lors d’une conférence de presse organisée pour présenter les changements.

Ainsi, à compter de mercredi, des avis défavorables seront émis par le ministère des Ressources humaines pour toutes les demandes que présenteront les entreprises de l’industrie du sexe, ce qui les empêchera dans les faits d’embaucher des travailleurs étrangers temporaires.

Et à compter du 14 juillet, le ministère de l’Immigration ne traitera plus les nouvelles demandes de permis de travail présentées par les travailleurs étrangers qui veulent trouver un emploi dans l’«industrie du sexe», qu’Ottawa définit comme les «bars de danseuses, les services d’escortes et les salons de massage».

De plus, dès la fin juillet, les étrangers qui reçoivent une autorisation d’emploi ouverte — qui leur permet habituellement de travailler pour n’importe quel employeur — seront exclus des entreprises liées au commerce du sexe au moyen d’une condition inscrite à leur permis de travail.

«Je crois que nous sommes tous d’accord que le système d’immigration du Canada ne devrait pas être utilisé afin d’exploiter les personnes vulnérables», a indiqué le ministre Kenney.

«Et soutenir des entreprises qui posent ces risques d’exploitation ne sont clairement pas un bon usage du système d’immigration du Canada, ni de ses ressources».

Environ 500 permis ont été émis entre 2007 et 2011 pour des étrangères qui venaient travailler au pays comme danseuses (incluant les renouvellements de permis), selon les chiffres fournis par Immigration Canada mais compilés par le ministère des Ressources humaines.

Même si elle avait anticipé l’annonce, l’Association canadienne du divertissement pour adultes était en colère mercredi.

Le directeur exécutif de l’Association, Tim Lambrinos, juge les mesures discriminatoires contre la catégorie de travailleuses. Il assure que l’industrie est très réglementée, et que les femmes qui y travaillent ne sont pas des prostituées.

«C’est une attaque contre l’industrie de la danse exotique», s’est-il exclamé.

«C’est fait pour gagner des points auprès de l’Ouest du Canada, les fondamentalistes ultra-conservateurs. C’est une question de morale pour eux. Ils n’aiment pas les danseuses: pourquoi ne le disent-ils pas clairement?», s’est-il indigné.

Il croit que les femmes qui viennent travailler dans les bars de danseuses ne sont pas plus à risque d’être exploitées que celles qui viennent au pays dans les autre catégories de travailleurs temporaires.

Il avance de plus que l’industrie — en manque d’employées — risque d’être créative et de faire venir des travailleuses en utilisant d’autres catégories de visas.

Les nouvelles mesures annoncées mercredi s’ajoutent à toutes celles mises de l’avant dans le plan d’action national de lutte contre la traite de personnes, qui a été lancé par le gouvernement au début du mois de juin.

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