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Sondage sur la santé: guerre de mots entre la FIQ et le ministre Barrette

Photo: Mario Beauregard / Métro

Sondage à l’appui, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) demande au ministre Gaétan Barrette d’agir rapidement pour soulager les maux du réseau de santé et diminuer la surcharge de travail des infirmières.

Un sondage commandé par le syndicat indique notamment que 40% des Québécois estiment que l’état du système de santé a empiré depuis l’entrée en fonction du ministre de la Santé, il y a trois ans.

Près de la moitié des répondants (49%) pensent que la situation est demeurée la même, alors que 12% croient qu’elle s’est améliorée.

«Après trois ans, le constat est implacable: rien ne s’est amélioré. La réforme Barrette/Couillard n’a rien donné», a clamé dimanche Régine Laurent, présidente de la FIQ, qui regroupe 75 000 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes.

«Le réseau de la santé ne peut plus continuer ainsi. Les impacts néfastes sont là, sur le taux de mortalité, sur la qualité des soins. On ne peut pas continuer comme ça alors qu’on sait qu’il y a des solutions. Il y a des surplus au gouvernement en ce moment, eh bien, qu’on utilise ses surplus pour que le réseau de la santé cesse d’être le réseau de la maladie.»

De son côté, le ministre Barrette préfère regarder le sondage d’un autre angle.

«Si la FIQ avait fait une lecture normale du sondage, on aurait eu la réponse suivante: 61% des répondants considèrent que la situation du système de santé est stable ou s’est améliorée. Quand on choisit d’être négatif, on lit à l’envers», a-t-il expliqué en entrevue avec Métro.

Le ministre a également souligné que l’immense majorité des patients qui ont participé au sondage étaient satisfaits des soins reçus (94% pour les médecins et 95% pour les infirmières).

«C’est un sondage positif qu’on essaie de tourner au négatif, a-t-il dénoncé. Je déplore le climat négatif entretenu par les syndicats, ça nuit au réseau, ça crée une mauvaise ambiance. Heureusement, les gens voient la réalité, celle qui est écrite dans le sondage.»

Le coup de sonde montre tout de même que quatre Québécois sur cinq estiment que les infirmières sont surchargées. Les deux tiers sont également mal à l’aise à l’idée de recevoir des soins d’une infirmière qui travaille depuis plus de huit heures consécutives.

Près des trois quarts (72%) des répondants pensent aussi que le gouvernement a effectué trop de coupes dans le domaine et 37% affirment avoir été témoins d’une situation où une professionnelle de la santé n’était pas en mesure d’effectuer son travail correctement par manque de temps.

Le sondage web a été effectué cet été par la firme Léger auprès de 1960 personnes.

Solutions
Pour résoudre ces problèmes, la FIQ met de l’avant deux réponses: l’imposition de ratios précis professionnelles/patients et l’augmentation des postes d’infirmières à temps complet.

«Plus vous avez une équipe de travail stable, plus vous êtes en mesure de respecter les ratios, d’assurer la continuité et des soins sécuritaires», a affirmé Régine Laurent.

La FIQ cite notamment en exemple la Californie, où les accidents de travail chez les infirmières auraient diminué de 31% depuis l’instauration de ratios.

Ces solutions, qui sont inscrites dans les plus récentes conventions collectives, se butent toutefois à l’intransigeance des gestionnaires des Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) et des Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS), selon Mme Laurent.

«Le problème majeur, c’est que les gestionnaires des établissements à travers le Québec refusent de faire le travail. Le ministre de la Santé s’est octroyé des superpouvoirs. On lui demande d’utiliser ses superpouvoirs pour obliger les gestionnaires d’établissements à faire ce qu’il faut pour augmenter les postes à temps complet.»

Selon le syndicat, seulement la moitié des infirmières travaillent à temps plein. La dernière convention collective prévoit faire passer ce chiffre à 62%.

«La FIQ a passé les trois dernières années à dire que j’avais trop de pouvoir. Aujourd’hui, elle veut que j’utilise mon pouvoir encore plus. N’est-ce pas incroyablement contradictoire? se questionne le ministre Barrette. Il y a des négociations locales en ce moment. Que les négociations se fassent. Notre engagement est clair et reste le même. Nous allons augmenter le nombre d’infirmières à temps complet.»

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