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Un psychiatre redore le blason de la cigarette dans un livre

Le psychiatre à la retraite Jean-Jacques Bour­que publie aujourd’hui le livre Écrasons la cigarette, pas le fumeur – Plaidoyer pour un peu de compassion. M. Bourque, lui-même un fumeur, s’attaque à ce qu’il appelle la «propagande» antitabac et tente de démontrer que les produits du tabac peuvent aussi avoir des bienfaits. Métro s’est entretenu avec Jean-Jacques Bourque pour faire le point sur un livre qui risque de faire jaser.

Qui espériez-vous toucher en écrivant ce livre?
En tant que psychiatre, j’ai vu plusieurs patients déprimés par leur incapacité à arrêter de fumer. Ces personnes se sentaient coupables de ne pas être en mesure de cesser de fumer et se sentaient coupables de décevoir leur entourage. En voyant cela, je me suis dit qu’un jour, je leur écrirai un livre.

Votre livre surprend et peut même choquer. Était-ce votre but?
Je suis maintenant à la retraite, je me sens libre de dire ce que je pense. Depuis plusieurs années, chaque fois que je voyais des organisations ou des gens mettre des bâtons dans les roues des fumeurs, ça me faisait mal. La propagande est devenue si forte et agressive qu’elle prenait toute la place. J’ai voulu montrer qu’il y avait deux côtés à la médaille et qu’il n’était pas nécessaire d’ostraciser les fumeurs et de les traiter comme des ordures.

Vous dites, dans votre livre, que des chercheurs risquent leur réputation en soulignant les bienfaits de la nicotine. De votre côté, craignez-vous pour votre réputation?
Heureusement, je suis à la retraite, alors je n’ai plus à craindre pour ma réputation. Mais je n’aurais peut-être pas écrit ce livre si j’avais continué de pratiquer.

Vous parlez de plusieurs maladies qui pourraient être évitées ou amoindries par la nicotine. Mais que faites-vous de tous les autres produits toxiques qui se retrouvent dans la cigarette?
J’ai écrit que la nicotine pouvait entraîner une amélioration [de l’ordre de 20 % à 80 %] des performances cognitives des personnes atteintes de l’Alzheimer. Mais si quelqu’un souffre de la maladie et ne fume pas, je ne lui recommanderais jamais de commencer à fumer. Je lui recommanderais par contre de consulter son médecin pour qu’il ait accès à un traitement de nicotine.

Vous qualifiez les avertissements de Santé Canada sur les paquets de cigarettes de propagande. Considérez-vous que le gouvernement est trop proche du lobby antitabac?
Je ne sais pas quelle est la cause de ce glissement. Je considère pourtant que Santé Canada est une organisation très prestigieuse et rigoureuse, mais dans le cas du tabac, elle a frappé très fort. Peut-être qu’elle s’est laissée influencer par la pensée populaire qui veut que le tabac soit nocif.

Vous estimez que les campagnes de sensibilisation ont fait leur temps et ont touché tous ceux qui pouvaient être touchés. Que recommandez-vous pour la suite?
La propagande agressive a donné des résultats dans les premières années de son déploiement. Depuis une dizaine d’années, le pourcentage de fumeurs demeure stable à environ 20 %. Je pense qu’il est temps de faire les choses différemment. Tout d’abord, Santé Canada devrait cesser de publiciser uniquement le côté dangereux des cigarettes. Il faudrait plutôt qu’elles soient considérées comme nécessaires pour certaines personnes vulnérables et qu’elles soient rattachées à des avertissements comme ceux qui existent pour les médicaments. Il faudrait également que les campagnes de sensibilisation soient destinées en priorité aux adolescents, parce que c’est vraiment à ce niveau qu’il faut agir si on veut prévenir.

Vous dites que nous devrions adopter une attitude plus positive envers les fumeurs. Croyez-vous que ce soit réaliste, que les gens sont prêts à ça?
J’espère qu’un certain nombre de gens liront le livre et feront preuve d’ouverture d’esprit. Je sais que certains médecins ne seront pas d’accord du tout, mais je m’attends aussi à ce que les psychiatres comprennent mon point de vue.

Vous rejetez certaines opinions de groupes influents, notamment celle de l’Association pulmonaire canadienne en matière de fumée secondaire. Selon vous, à qui peut-on se fier pour obtenir de l’information non biaisée?
Pour écrire mon livre, je n’ai pas approché l’industrie du tabac, ni les gens qui font la promotion du tabac. Je me suis plutôt concentré sur les universités, et c’est là que je me suis rendu compte que tout n’était pas blanc ou noir, mais qu’il y avait beaucoup de gris. Il y a tellement d’information sur le sujet, je pense qu’il est bon de creuser et de comparer.

Écrasons la cigarette, pas le fumeur
Éd. Québec Amérique

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