Émeute à Victoriaville: des manifestants réclament une enquête indépendante

Les organisateurs du ras­­semblement de vendredi dernier ont accusé mercredi, vidéo à l’appui, la Sûreté du Québec (SQ) d’avoir mis en danger la sécurité des 3 000 manifestants. «Le moyen de communication que la SQ a privilégié, c’est l’abus de force, a dénoncé Johanne Nasstrom, l’organisatrice du rassemblement de Victoriaville. Les policiers ont même refusé de laisser passer des ambulances, me rétorquant en riant que je n’avais qu’à amener nos blessés vers eux.»

Deux infirmières qui se sont occupées de deux blessés graves ont corroboré ces allégations. «Le premier a été atteint à l’oreille et présentait une lacération et un saignement important de l’oreille et des signes de traumatisme crânien, a relaté Karoline Demers. Le deuxième était sévèrement atteint à l’œil et présentait lui aussi d’importants saignements.» Selon elle, les délais avant la prise en charge médicale, qu’elle attribue au manque de coopération de la SQ, ont contribué à l’aggravation de l’état de santé des deux hommes.

Plusieurs milliers de manifestants s’étaient rassemblés en marge du congrès du Parti libéral du Québec à Victoriaville pour dénoncer la politique gouvernementale. Très vite, cette manifestation a tourné à l’émeute. Près de 400 personnes ont été blessées, dont 3 grièvement,
et 3 policiers ont aussi été blessés.

L’utilisation de balles de plastique a été décriée. En temps normal, l’usage de ces balles ne vise pas à blesser, mais à faire sortir de la foule des individus sur le point de commettre un crime.

Toutefois, il n’est pas certain que ces armes soient en cause dans les trois cas de blessures graves. «Le nombre de blessés et la gravité des blessures occasionnées par le recours aux balles de plastique méritent à eux seuls qu’une enquête publique indépendante soit tenue», a fait valoir Dominique Peschard, président de la Ligue des droits et libertés. Jointe par téléphone, la SQ n’a pas souhaité réagir, mais le fera aujourd’hui au cours d’une conférence de presse.

Motion
Amir Khadir, député de Mercier et élu de Québec solidaire, a demandé hier que l’Assemblée nationale réclame une enquête indépendante sur le comportement des policiers lors de la manifestation. Le représentant du gouvernement à l’Assemblée a refusé que cette motion soit déposée et débattue.