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L’information erronée gagne du terrain

Photo: Archives Métro

Les médias traditionnels «font partie du problème plutôt que de la solution» en ce qui a trait à la propagation de rumeurs et de fausses nouvelles sur l’internet, déplore l’auteur d’une étude sur le phénomène publiée mercredi.

«C’est déprimant et honteux», lance d’entrée de jeu Craig Silverman, auteur du rapport Lies, Damn Lies and Viral Content (Traduction libre: «Mensonges, fichus mensonges et contenu viral»), et chercheur au centre Tow pour le journalisme numérique de l’Université Columbia. M. Silverman gère depuis l’année dernière le site Emergent.info, qui traque les fausses nouvelles sur le web et mesure leur étendue.

À partir de données dégagées par son site, le chercheur a analysé le rôle des médias traditionnels dans la propagation de fausses informations.

«C’est dû en grande partie aux pressions et aux motivations dans les salles de nouvelles numériques. On apprécie particulièrement le nombre d’articles qu’un journaliste peut publier en une journée, son nombre de partages sur les médias sociaux et le trafic que ses articles génèrent, illustre le chercheur. Si c’est le message qu’un journaliste reçoit de ses supérieurs, il passera moins de temps à vérifier ses informations qu’à trouver des trucs en circulation qu’il peut réécrire et publier.»

Le résultat: les journalistes sautent trop vite sur des rumeurs qui circulent et participent à leur propagation en les republiant. «Les sites de nouvelles jettent souvent la responsabilité d’un reportage sur quelqu’un d’autre, lance M. Silverman. S’ils ne veulent pas vérifier l’information ou ne veulent pas faire de vrai journalisme, ils vont trouver quelqu’un qui affirme la nouvelle, mettre un lien dans leur article, et dire “c’est eux qui prétendent ça!”»

«On penserait que les médias traditionnels voudraient réaffirmer leur rôle de faire circuler de l’information de qualité. Or, beaucoup de gros joueurs ne pensent qu’aux clics [sur leur site web].» – Craig Silverman, chercheur à l’université Columbia, qui étudie les rumeurs sur le web

Pire, les médias plus frileux à l’idée de partager des rumeurs ou des nouvelles de sources douteuses préfèrent ne rien dire, selon lui. «Les médias qui ont des critères plus stricts doivent sortir du silence et participer à la discussion, soit en démystifiant, soit en départageant les informations confirmées des informations non confirmées», pense-t-il.

C’est la qualité de l’information sur l’internet qui en souffre, croit M. Silverman, puisque ce sont les médias peu scrupuleux qui s’approprient le trafic internet.

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