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Vice: les médias doivent être protégés de la GRC

TORONTO – Forcer un média à remettre à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ou à tout autre corps policier le matériel qu’il a utilisé pour écrire des articles sur un présumé terroriste établirait un dangereux précédent en matière de liberté de presse, a déclaré l’avocat de Vice Media devant un tribunal ontarien, mardi.

Me Iain MacKinnon a affirmé que la GRC n’avait aucune piste sérieuse et que sa requête pourrait nuire à la capacité de son client à diffuser des reportages sur des questions d’intérêt public.

«L’effet sur les journalistes pourrait être paralysant, a-t-il prévenu. Cela pourrait les empêcher de faire leur travail.»

Le gouvernement fédéral a toutefois fait valoir que, malgré son importance, la liberté de presse n’était pas absolue et qu’elle ne devait pas automatiquement l’emporter sur l’intérêt du public de voir des crimes graves faire l’objet d’enquêtes et de poursuites.

Au coeur du litige se trouve une demande présentée il y a un an par la GRC et sanctionnée par un tribunal à Vice Media et au reporter Ben Makuch afin que celui-ci fournisse à la police nationale le matériel dont il s’est servi pour écrire trois articles en 2014 sur Farah Shirdon, un résidant de Calgary.

Dans un texte publié en octobre 2014, M. Makuch avait cité des propos tenus par M. Shirdon alors qu’il était en Irak: «Les Canadiens à la maison seront les principales cibles de notre vengeance. Si vous faites partie de cette croisade contre l’islam et les musulmans, vous verrez vos rues se remplir de sang.»

En septembre dernier, la GRC avait accusé par coutumace le jeune homme de 22 ans — né à Toronto — de plusieurs infractions, dont d’avoir quitté le Canada pour participer aux activités d’un groupe terroriste, d’avoir participé aux activités d’un groupe terroriste et d’avoir menacé le Canada et les États-Unis.

Les reportages de Vice sont largement basés sur des conversations que le journaliste a eues avec Farah Shirdon grâce à une application de messagerie instantanée appelée «Kik Messenger».

La GRC veut que Ben Makuch lui donne une copie intégrale de ces discussions et soutient avoir besoin du matériel pour trouver d’autres preuves contre M. Shirdon.

«La seule raison pour laquelle la GRC s’est adressée à Vice, c’est parce qu’il s’agit de l’unique source d’information», a expliqué la procureure de la Couronne Sarah Shaikh au juge de la Cour supérieure de l’Ontario, Ian MacDonnell.

Vice et M. Makuch demandent également au tribunal de leur donner accès à la documentation confidentielle présentée par le gouvernement pour étayer sa requête d’une ordonnance de communication.

Le gouvernement a cependant déclaré que révéler ces renseignements pourrait compromettre une enquête sur la sécurité nationale en cours et le droit de l’accusé à un procès équitable, en plus de faire du mal à des tierces parties innocentes.

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