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Une tournée des cégeps sur le consentement sexuel

Photo: Archives Métro

Le Conseil du statut de la femme (CSF) entreprend mardi une tournée dans neuf cégeps pour discuter avec les étudiants de la notion de consentement sexuel.

La particularité: la présidente du CSF, Julie Miville-Dechêne, tient à être accompagnée d’un homme pour cette série de conférences afin que le message soit mieux compris et écouté par les jeunes hommes. Le rappeur Koriass, bien connu des jeunes, fera partie des intervenants, ainsi que la journaliste et auteure Marilyse Hamelin.

Le but de cette série de conférences est d’abord de tenter de réduire au maximum le nombre d’agressions ou de violences sexuelles en éclaircissant la notion de consentement à un jeune âge, alors que les étudiants en sont à leurs premières expériences sexuelles.

«La prise de conscience des hommes est importante, parce que ce sont surtout eux qui agressent sexuellement, avance Koriass. Le vrai changement va se faire quand il va y avoir un changement des mentalités des hommes et une notion claire de ce qu’est le consentement.»

«Toutes les études montrent que les jeunes garçons sont plus influencés par quelqu’un de leur sexe qui porte le message. C’est une question d’identification», ajoute Julie Miville-Dechêne pour expliquer la présence de Koriass.

«[Les hommes doivent] être des alliés. Ce n’est pas seulement de lutter pour les droits des femmes, mais aussi d’essayer de réveiller les hommes et de changer les mentalités. Donc on n’a pas le choix d’inclure les hommes dans le combat.» –Koriass, rappeur

Koriass avait déjà fait part publiquement de sa réflexion sur la notion de consentement sexuel dans son texte Natural Born Féministe sur le site d’Urbania, qui a été partagé plusieurs milliers de fois. Un texte dans lequel il raconte le viol dont a été victime sa conjointe, lorsqu’elle était adolescente, et où il explique les nuances et les zones grises du consentement.

«Il y avait consentement au début, mais en cours de route, ça s’est corsé et c’est devenu un silence [de la part de la jeune fille] qui voulait tout dire. Et ça a continué malgré le malaise, et malgré la terreur. Donc le “oui” peut devenir un “non”» en cours de route et ça reste un “non”», fait valoir le rappeur.

Il souhaite, à l’aide d’exemples concrets, éclaircir la notion de consentement sexuel à travers ces conférences, «parce que c’est flou, ce n’est pas clair», admet-il.

«Le partenaire ne peut pas se contenter du silence de sa partenaire ou inversement pour croire qu’il y a consentement, ajoute Mme Miville-Dechêne. Et on peut consentir à un long baiser, sans consentir à la suite.»

Venir à bout des stéréotypes
Au-delà du consentement, Julie Miville-Dechêne et Koriass espèrent également revoir avec les étudiants «la perception que l’homme a de la femme» pour qu’ils puissent se défaire des stéréotypes de la masculinité véhiculés dans la société. Une manière de revoir la relation d’égalité hommes-femmes dans la société en général, disent-ils.

«Souvent, dans la façon dont on est élevé, la façon dont on devient masculin ou qu’on se définit en tant qu’homme, il y a une espèce de mépris de tout ce qui a rapport avec le féminin – être plus sensible, être moins bon dans tout ce qui est physique – une dominance qui vient naturellement», regrette Koriass.

«Les stéréotypes qui circulent, ce sont que les garçons doivent être forts, doivent avoir des muscles, être des fois machos, ajoute Mme Miville-Dechêne. Tout ça a un effet, je pense, sur les relations sexuelles et sur comment les garçons approchent la chose. La pornographie aussi a un effet dévastateur, où la fille est toujours en attente et le garçon est toujours dans la proaction», dit-elle.

L’adolescence est d’ailleurs un moment où les jeunes sont particulièrement conformistes, fait remarquer Mme Miville-Dechêne, et où ils essaient de correspondre «au modèle de l’homme tel qu’envisagé par la société».

Un «modèle», selon eux, qui a un effet néfaste sur les risques d’agressions sexuelles. «Je vois clairement un lien entre ça et la façon dont les hommes vont traiter les femmes plus tard», estime Korrias.

Malgré les avancées du mouvement féministe depuis plusieurs années, Julie Miville-Dechêne estime que le mouvement «a plafonné, parce que c’est toujours les femmes qui ont dénoncé cette violence». «Il faut une mobilisation plus large, que la lutte à la violence soit aussi portée par les hommes. Il faut les inclure dans la mobilisation, parce qu’eux, comme ce sont des gars, ils peuvent porter le message et influencer davantage les garçons que moi», dit-elle.

Elle estime que les hommes peuvent être des «agents de changement» dans leur milieu en portant ce message. «Il y a des blagues sexistes, du harcèlement…Il faut d’abord qu’on ait le courage de ne pas laisser ça passer sous prétexte que ce sont nos amis», fait remarquer la présidente du CSF.

Bien qu’elle croit qu’ultimement il faudrait davantage de campagnes de sensibilisation grand public sur le sujet ainsi que des cours plus complets d’éducation sexuelle à l’école, la présidente du CSF espère, avec ces conférences, déclencher une réflexion chez les étudiants. «Changer les mentalités, ça prend du temps, mais c’est un petit effort de plus. On peut juste accepter d’en faire un petit bout.»

«On n’a pas la prétention de tout changer, on veut essayer de parler aux jeunes à un moment dans leur vie où on croit que ça peut faire une différence.» –Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme

Koriass a déjà donné une conférence du genre dernièrement et soutient que la réaction a été positive. «Les gars avaient les yeux grand ouverts, ils avaient des interrogations, des questions à poser, des prises de conscience. Il y en a beaucoup qui m’ont écrit et m’ont dit qu’ils ne savaient plus comment approcher les filles maintenant. C’est quelque chose de bien, selon moi, que les garçons, les futurs hommes, commencent à se poser des questions sur leurs actions par rapport aux filles», estime Koriass.

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