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25 millions $ en marijuana pour les vétérans

OTTAWA – Les coûts liés au remboursement de la marijuana à des fins médicales pour les vétérans sont en train d’exploser et Ottawa devrait mettre un couvercle sur la marmite au plus vite.

Le vérificateur général du Canada, Michael Ferguson, tire la sonnette d’alarme devant la hausse de l’utilisation de la marijuana chez les anciens combattants et le montant astronomique de la facture refilée aux contribuables: 25 millions $ dès l’an prochain.

Dans son rapport déposé à la Chambre des communes, mardi, il presse Anciens Combattants Canada de fixer une limite pour le remboursement au plus vite.

Le gouvernement fédéral rembourse aux vétérans le prix de certains médicaments, un programme qui coûte bon an mal an environ 80 millions $ pour 51 000 vétérans. Mais si rien n’est fait, près du tiers du coût de tous les médicaments couverts ira au remboursement de la marijuana l’an prochain.

En effet, on s’attend à ce qu’en 2016-2017, les dépenses pour le remboursement de la marijuana s’élèvent à pas moins de 25 millions $, alors qu’elles n’étaient que de 400 000 $ il y a trois ans.

Deux facteurs expliquent cette croissance fulgurante des coûts: le prix du gramme de pot, auparavant fixé à 5 $ par Santé Canada et qui oscille désormais entre 6 et 14 $, et la popularité de la substance.

Et si certains au ministère avaient prédit une explosion des coûts, «malgré cela, le ministère n’a pas jugé bon de fixer une limite quant au montant couvert pour de la marijuana médicale», déplore le vérificateur général dans son rapport.

Le coût moyen de la marijuana par vétéran admissible s’est élevé en moyenne à 9200 $ pour une période de neuf mois, entre le 1er avril et le 31 décembre 2015.

Certains vétérans peuvent avoir droit jusqu’à 10 grammes de pot par jour, soit deux fois le seuil recommandé par Santé Canada. Ce seuil de 10 grammes par jour est dans les faits la seule mesure prise par Ottawa pour limiter les frais.

«Ce type de façon de gérer les coûts ne fonctionne pas et le ministère n’a pas de stratégie pour gérer ces coûts», a insisté M. Ferguson en conférence de presse.

M. Ferguson signale par ailleurs que le ministère «ne vérifie pas si les vétérans qui se servent de la marijuana à des fins médicales prennent aussi des médicaments prescrits pour soigner des maladies comme la dépression». Ce genre de surveillance permettrait d’identifier la consommation à risque élevé pour leur santé.

La marijuana n’est pas le seul domaine où les coûts de remboursement sont appelés à grimper, car de nouveaux médicaments peuvent aussi faire gonfler le montant de l’addition.

«Il sera de plus en plus important d’adopter des stratégies de rentabilité pour gérer les coûts, vu que la mise en marché de nouveaux médicaments plus coûteux au cours des prochaines années exercera des pressions croissantes sur les budgets des programmes publics de prestations pharmaceutiques», écrit le vérificateur. Il donne l’exemple d’un médicament biologique pour faire baisser le taux de cholestérol dont le coût peut atteindre 10 000 $ par patient par année.

Anciens Combattants devrait par ailleurs s’assurer de fonder ses décisions pour établir la liste des médicaments qui seront couverts sur des éléments probants, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Le ministère a accepté l’ensemble des recommandations de M. Ferguson. Sur la marijuana spécifiquement, il affirme qu’il «mettra à profit l’expertise médicale afin de déterminer l’approche la plus efficace et efficiente, ce qui pourrait nécessiter des considérations d’ordre réglementaire». Il entend élaborer sa nouvelle politique d’ici mai 2017.

Le ministre des Anciens Combattants, Kent Hehr, a indiqué en point de presse qu’il étudiait la question. «Il y a environ six semaines, j’ai demandé au ministère une étude pour faire le point sur la façon dont la marijuana est utilisée» dans le programme de remboursement des frais médicaux pour les vétérans, a-t-il signalé. Les résultats devraient être communiqués au public dans les prochains mois.

Pour le député néo-démocrate Matthiew Dubé, ces excès démontrent «qu’on se contente de donner de la marijuana médicale qui traite les symptômes, mais (qu’on) n’a pas de plan à long terme pour bien encadrer les anciens combattants et s’assurer qu’on fasse un suivi de santé mentale dont ils ont besoin».

Le vérificateur général a remis mardi un autre rapport touchant le secteur militaire. Il a notamment remarqué que des lacunes existaient dans l’entraînement des soldats réservistes, et que ces derniers n’étaient pas fins prêts à prendre part à des missions importantes à l’étranger.

La Défense nationale a par ailleurs du mal à recruter suffisamment de soldats de la Réserve, leur nombre diminuant d’environ cinq pour cent par année. Alors que le Canada devrait pouvoir compter sur environ 29 000 réservistes, seulement 14 000 soldats de la Réserve sont actuellement présents et formés.

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