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L’urgence de créer des Dear Criminals

Photo: Victoria Dimaano/collaboration spéciale

Née il y a trois ans d’un projet musical parallèle de Frannie Holder, Vincent Legault et Charles Lavoie, la formation électro-folk montréalaise Dear Criminals est devenue un véritable laboratoire de création.

Rencontrés à leur local de répétition environ deux semaines avant l’enregistrement de leur prochain EP, les membres du trio venaient à peine de conclure un marathon d’écriture dans lequel ils s’étaient investis depuis le début de l’année. Et pourtant, ils trouvent encore l’énergie d’avoir des papillons dans le ventre à l’approche de leur prestation à l’église Saint-Jean-Baptiste, le 16 septembre prochain, en compagnie des 150 choristes de l’école secondaire Joseph-François-Perrault.

«Après un certain temps à faire des shows – dans mon cas ça fait neuf ans –, ça arrive plus souvent qu’autrement qu’il n’y a pas de stress. Tu vas travailler, tu fais ton show et tu es heureux, explique la chanteuse Frannie Holder. Mais c’est une chance quand un show te donne du stress un ou deux mois à l’avance et quand tu as le trac avant d’embarquer sur scène. C’est pour ces moments plus grands que nature qu’on fait ce métier.»

Cette prestation – qui aura lieu une semaine après la sortie de leur nouvel EP – sera en quelque sorte un retour aux sources pour les Dear Criminals. Le groupe ne s’est pratiquement pas offert seul sur scène en un an, impliqué dans de multiples collaborations tant avec des artistes du cinéma que du théâtre et de la danse.

«Les choses en amènent d’autres, s’entremêlent et se nourrissent», se réjouit Charles Lavoie, alors que la formation s’attaque à la composition de la musique des premiers épisodes de la série télévisée Fatale-Station, qui prend l’affiche en 2017. Écrite par Stéphane Bourguignon et réalisée par Rafaël Ouellet, celle-ci mettra notamment en vedette Macha Limonchik, Claude Legault et Micheline Lanctôt.

Dear Criminals ressort de ces expériences des derniers mois avec un son enrichi par la maîtrise de processus de création empruntés à d’autres formes d’art. De nouveaux éléments techniques ont également été intégrés, précise Vincent Legault.

Plus encore, les membres ont pris conscience, ces derniers mois, de leur cohésion créative. Leurs compositions musicales pour Things are leaving quietly, in silence, le spectacle de danse contemporaine de Frédéric Tavernini, ont été élaborées en une semaine à peine, dans un moment d’accalmie entre deux autres collaborations.

«C’était vraiment pas léger, ça s’inspire du Sacre du printemps de Stravinski, souligne Frannie Holder. En une semaine, on est arrivés avec un show tellement intéressant à jouer. On était rendus habiles à écrire les trois ensemble.» Deux morceaux tirés de ce projet figureront sur l’EP à paraître.

«Quand tu écris des chansons, tu as une urgence de les sortir parce que toi-même tu t’étonnes de la rapidité à laquelle tu t’attaches à une composition.» – Frannie Holder, chanteuse de Dear Criminals

Le groupe avait précédemment prêté sa sonorité au film Nelly, le prochain long métrage d’Anne Émond qui s’inspire de la vie de l’écrivaine torturée Nelly Arcan. Les mélodies feutrées et intimistes des Dear Criminals ont par ailleurs accompagné le monologue mis en scène par David Bobée et joué par Macha Limonchik en avril dernier dans Les lettres d’amour, présenté à l’Espace Go. Le spectacle se transportera en France en janvier prochain.

Le foisonnement multidisciplinaire du groupe cette année a élargi le public de ce dernier. C’est un des facteurs qui font augmenter la pression sur le trio en vue de sa prestation à l’église Saint-Jean-Baptiste.

Entre-temps, les Dear Criminals monteront sur scène dans le cadre du Festival de musique émergente (FME) à Rouyn, le 4 septembre.

Après la sortie d’une série d’EP, la préparation d’un album studio n’est pour la moment pas envisagée. «Presque plus personne n’achète d’albums. Qu’on sorte 2, 6 ou 12 tounes, les gens vont en parler pendant le même temps», fait valoir Vincent Legault.

Le format du EP, outre les coûts moindres qu’il implique, répond à l’urgence de créer du groupe et celle de recevoir de ses fans. «Ça correspond à la vitesse à laquelle on a voulu sortir des trucs pour rester en vie, parce que le public est très gourmand et a besoin d’être nourri pour rester attaché à un groupe, et ce, plus rapidement qu’il y a plusieurs années», résume Frannie Holder.

Quoi qu’il en soit, la spirale créative des Dear Criminals n’est pas en voie de s’essouffler. La formation se consacrera à une autre grande rencontre, celle avec l’univers de la metteure en scène Marie-Ève Signeyrole, dans un spectacle qui aura lieu à l’Opéra de Paris en 2018.

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