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Krief : Catharsis salvatrice

Photo: Josie Desmarais

Krief exorcise ses démons et s’échappe du gouffre grâce à son ambitieux nouvel album solo, Automanic.

Patrick Krief nous accueille dans son studio situé à Outremont. C’est là que le musicien, bien connu pour son apport auprès du groupe The Dears, a enregistré une partie de son quatrième disque solo. Nappé de mélodies mélancoliques et réconfortantes qui évoquent la riche tradition britannique des Beatles aux Super Furry Animals, Automanic est un opus sombre et éminemment personnel sur fond de décès et de rupture.

Exorciser cette douleur était primordial, tout comme la nécessité de ne plus jouer à la victime, et c’est vers l’art que l’auteur-compositeur-interprète s’est tourné. «Je voulais que les gens qui souffrent ne se pensent pas seuls, explique-t-il. Je voulais également qu’ils en ressentent la lumière, l’espoir. Même si ça provient d’un endroit très triste, c’est bien d’avoir de la musique qui te sort de tes problèmes au lieu de t’y replonger.»

«Je pense que je fais mon meilleur travail quand je suis hors de ma zone de confort. C’est arrivé avec les drums. Je me débrouille, mais j’avais beaucoup d’idées ambitieuses et je ne voulais pas faire de compromis! Je me suis donc mis à pratiquer toute la journée, des semaines avant d’aller au studio.»
– Patrick Krief, qui s’est occupé des guitares, de la batterie, des percussions, du piano, des claviers et de la réalisation d’Automanic

Cette création dans la tourmente rappelle que les plus grandes réalisations sont souvent conçues en période de tristesse. Pensons seulement à Nick Cave et à son puissant Skeleton Tree, qui a vu le jour peu de temps après la mort de son fils.

«C’est un concept effrayant, admet Patrick Krief. J’espère que je n’ai pas besoin d’être dépressif pour faire quelque chose de bien. Je ne peux pas parler pour les autres artistes, mais ce qui m’a aidé sur cet album, c’est de m’être coupé du monde extérieur. J’ai besoin de m’isoler de la réalité pour créer du grand art. C’est un ingrédient important qui m’aide à me concentrer, loin des cellulaires et de tout. Ça me permet de me recentrer sur ce qui est vrai et réel, et peut-être que c’est plus difficile à faire lorsqu’on est heureux.»

En avoir deux fois plus

Dès le début de sa conceptualisation, Patrick Krief savait qu’Automanic allait être un album double : un disque bleu introspectif et un disque rouge plus fougueux. Une démarche qui n’est pratiquement plus utilisée aujourd’hui.

«Plusieurs personnes m’ont fait douter, avoue son créateur. C’est vrai que c’est risqué en 2016. Mais c’est un projet qui s’adresse aux véritables amateurs de musique et de disques, ceux qui possèdent le White Album et The Wall. Je pense qu’avec l’âge et la maturité que j’ai, c’était le bon moment. Il y a eu le même contrôle de qualité au début, où on a choisi 20 titres d’une soixantaine de chansons.»

Automanic
En magasin vendredi
Lancement au Cabaret du Lion d’Or vendredi à 20 h

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